mardi 27 octobre 2009

Ce blog veut changer le monde

Bsa dit : Lentement mais surement vous comprenez que comme disait Jean Gagnepain, au cœur des puissants est le désir de tyrannie. Et oui, les faits parlent d'eux-mêmes les dirigeants ont déclaré la guerre aux peuples. La France est parait-il en 45 place pour la liberté de la presse. Parlant non? Ce qui méritait un plus long développement qu’un commentaire de réponse.

Mon métier a la particularité de me faire côtoyer aussi bien les grands que les petits. Depuis un quart de siècle je suis un « électron libre ». Or, je ne vois aucune différence, il n’y a pas d’un côté les bons et de l’autre les mauvais. Chaque jour, je rencontre plusieurs automobilistes qui passent au feu rouge ou roulent en sens interdit. Il est aisé d’imaginer ce qu’ils feraient à la tête de l’état, idem pour mes colocataires, qui se haïssent tous. Il n’y a même pas de solidarité entre membres d’une famille ou d’un même corps de l’administration, aussi prestigieux soit-il. Celui qui est, un moment, subordonné exècre l’incompétence de son supérieur, ce dernier le lui rendant au centuple.

Ce qui crée cette hostilité, ce sont les dysfonctionnements de notre système qui est en plein changement, et qui fait qu’aucun d’entre-nous n’a les moyens d’accomplir correctement sa mission. Du coup, on en veut au reste du monde.

A contrario, voilà ce que donne un changement, lorsqu’il est réussi : chacun découvre les qualités de l’autre et l’estime ; le dirigeant se débarrasse de ses courtisans, et dirige en direct ses troupes. L’entreprise devient « optimiste ». C’est pour de tels moments que je fais ce métier.

Ce que je commence à voir, c’est que la logique marxiste, qui explique que le peuple crée la richesse du monde, et est exploité par les « capitalistes », a été utilisée, à l’envers, par un remarquable travail de manipulation des esprits. Il nous a convaincu que les pauvres exploitent les riches, sans qui rien ne serait. Aujourd’hui l’économiste socialiste Attali peut dire sans rougir que les taxis bénéficient d’une « rente ».

Cette logique conduit naturellement à détruire l’état, perçu comme un outil de répression par des riches tellement habitués à ses bienfaits qu’ils ne voient pas ce qu’il leur apporte.

En réalité parler de riche et de pauvre, de lutte des classes ?, est faux. Nous voyons partout des tire-au-flanc qu’engraisse un état nourri de nos impôts. Qu’ils crèvent ! Dès que cette idée a gagné les esprits, l’état est condamné. Comme le régime soviétique.

Quand la société met en pratique ces théories, ce que nous fîmes ces dernières décennies, nous nous comportons comme l’a prévu Marx : nous exproprions le faible de son travail, à coup de machines. Cependant, dans notre cas, le bénéficiaire du système n'est pas le possédant marxiste, mais un employé, le « working rich ». Ce n’est pas le capital économique qui fait le vainqueur ou le vaincu, mais, paradoxalement, le « capital social ».

Cependant, l’homme n’est pas idiot, confronté à la faillite de son idéologie il change d’opinion. C’est ce qui est arrivé après la seconde guerre mondiale. Ce qu’on oublie aujourd’hui est que la crise d’avant guerre, les totalitarismes et la guerre, étaient vus par nos ancêtres comme la conséquence du capitalisme. Les états d'après guerre ont été résolument, lourdement, socialistes. Les pays anglo-saxons furent des pionniers de ce mouvement. D’où les lamentations de Hayek dans The road to serfdom, qui sont difficilement compréhensibles aujourd’hui.

En fait, pour le faire changer d'opinion, et de comportement, il ne faut pas que prouver à l'individu son erreur (anxiété de survie), il faut surtout lui montrer une échappatoire (anxiété d’apprentissage).

Ce blog ne croit pas à la méchanceté fondamentale des puissants, et de l’homme en général. Il cherche à comprendre ce qui ne va pas dans la logique de ce dernier, pour lui couper toute possibilité de justification, de lâche rationalisation. Il cherche surtout une « échappatoire », qui lui permette de construire une société durable. Une solution qui satisfasse tout le monde et ne fasse perdre la face à personne. Simple réflexe professionnel.

Compléments :

  • Sur les raisons qui font qu’une société d’individualistes se répartit apparemment en classes : The Logic of Collective Action.
  • Du capital social : Fils d’appareil.
  • De nos techniques de manipulation : Conservateur et bolchévisme.
  • Sur Jacques Attali : Attali m’a tué. Je me demande si le bon élève Attali n’a pas manqué d’esprit critique à l’époque où il étudiait l’économie. A-t-il suffisamment examiné ses hypothèses ? S’est-il demandé si elles étaient compatibles avec le socialisme ?
  • The Economist, héraut du libéralisme, doute : Le marché ne marche pas.
  • Ce qui fait espérer une sortie élégante de notre idéologie actuelle, c’est qu’une société amicale à l’homme l’est probablement aussi à l’économie : Lois sociales et économie de marché.
  • Sur l’expropriation par la machine : Crise occidentale : raisons structurelles.
  • Sur l’après guerre : SASSOON, Donald, One Hundred Years of Socialism: The West European Left in the Twentieth Century, New press, 1998.

2 commentaires:

Bsa a dit…

Pas plus que vous je ne crois a une quelconque mechancete de l'homme. Mais je crois plutot a la maladie mentale et un malade mental ne peut jamais s'en sortir seul. Il prend des decisions qui vont toujours dans le sens de sa maladie.

La brievete des posts tient au media, le blog. Les capacites editrices sont plus que limites.

Les gens que vous decrivez ne respectant pas les regles (feux rouges) ne sont pas dans le meme contexte que les dirigeants actuels qui font les regles, et pas pour le bien public. Vous ne pouvez prejuger de leur comportement et l'argumentation par generalisation a partir de peu d'exemple est depuis 3000 ans un sophisme.

Vous mettez en cause le systeme, qui est concu par les dirigeants, merci d'abonder dans mon sens.

Le changement reussi dont vous parlez exige des prerequis: Moralite exemplaire, abnegation, don de soi, volonte de faire le bien. Ce que ne connaissent pas les dirigeants actuels.

La suite des desastres que vous decrivez depend des directives des dirigeant, Attali en est un.

Le detournement des idees marxistes est le fait de la generation de nos dirigeants. Indeniable.

Si il y a qquechose qui ne va pas dans la logique actuelle (qui est celle d'une minorite) c'est de vouloir imposer la logique mathematique aux hommes et a leurs activites(en resumant).

On croit gagner en remplacant le savoir-faire par des machines et 50 ans plus tard on se rend compte qu'on a perdu.

De meme pour le changement c'est le rythme actuel impose qui est incompatible avec l'evolution des societes. Aucune gestion de changement ne peut passer outre. C'est pourtant ce qui se passe.

Christophe Faurie a dit…

1) Effectivement l’éditeur de message n’est pas terrible. Il faudrait que je change de plate-forme de blog. Dans un sens je n’avais pas prévu que j’aurais des commentaires ! Ce blog m’aide surtout à penser.
J’écris mes billets avec word et je les colle ensuite dans l’éditeur. Finalement, ça ne fait pas perdre beaucoup de temps.
2) Je ne crois pas que nos gouvernants fassent le système. Ils sont plutôt, comme nous tous, victimes d’idéologies prédéfinies.
Il y a du vrai dans ce que vous dites de leur vision mathématique du monde, mais cette vision nous est propre, elle est culturelle et même occidentale. March et Simon parlaient du modèle de « l’organisation machine » : nous tendons à penser que l’homme obéit à des ordres (à des lois), comme une machine.
J’ai terminé une conférence pour étudiants d’un master de Sciences po en disant qu’on ne pouvait pas conduire correctement le changement sans remettre en cause auparavant cet a priori, c'est-à-dire en apprenant à respecter l’homme.
Je ne crois pas non plus que nos dirigeants soient des malades mentaux. Je connais les patrons mieux que les politiques, mais j’ai rencontré quelques-uns de ceux-ci (de première division) lors de missions. Ils me semblent tous très normaux. Seulement, comme les dirigeants, ils sont dans un univers dont nous n’avons que peu d’idées. Ils sont pris dans une sorte de maelstrom d’événements qui leur laissent un temps infime pour s’occuper de ce qui nous semble essentiel dans leur mission. De là haut nous ressemblons à des fourmis.
3) Quant à la vitesse du changement, mes livres, et mon expérience, vous contredisent. Le problème du changement en France c’est que « changement n’est pas français ». Nous croyons qu’il suffit de le décréter pour qu’il se réalise. Le gouvernement démolit, mais ne laisse pas à ceux qui doivent reconstruire de notice de remontage. Et ceux-ci n’ont aucune idée de comment ils vont s’y prendre. Ils finissent par faire quelque chose (c’est la force de la France), mais dans des conditions de stress invraisemblables. Et comme les changements succèdent au changement, comme vous le dîtes, la situation empire fort désagréablement.
En fait, pour éviter ce désastre, il suffit, tout bêtement, de construire un plan d’action de changement (de simuler le changement), puis de le mettre en œuvre. Même dans le cas d’un gros changement, il ne faut pas plus que quelques semaines pour construire ce plan. Ensuite on sait où l’on va. Et il n’y a plus de stress. D’ailleurs il suffit d’une préparation / formation de quelques jours pour qu’un comité de direction puisse mener un grand changement (restructuration) efficacement et sans aucun des dégâts ordinaires. Si le sujet vous intéresse, lisez mes livres, ils sont bourrés d’exemples !