On pensait que le gouvernement américain avait trouvé la parade à la crise financière. Mais des doutes s’élèvent quant au plan en question. Le marché s’inquiète. De deux choses l’une : soit le plan est mauvais, soit il est bloqué. Dans les deux cas il y a risque d’effondrement de la planète capitaliste.
Nos parents ont gardé un mauvais souvenir du dernier effondrement, en 29 : ils lui attribuaient le nazisme et la seconde guerre (outre ses dégâts directs). Ils croyaient qu’il s’agissait d’une crise du capitalisme et avaient renforcé massivement, partout dans le monde, les structures de solidarité sociale (cf. sécurité sociale).
Les économistes américains semblent tous d’accord pour dire que le plan est mauvais. Je cite in extenso un texte qui apparaît sur un blog de The Economist.
Tout ceci paraît plein de bon sens.As economists, we want to express to Congress our great concern for the plan proposed by Treasury Secretary Paulson to deal with the financial crisis. We are well aware of the difficulty of the current financial situation and we agree with the need for bold action to ensure that the financial system continues to function. We see three fatal pitfalls in the currently proposed plan: 1) Its fairness. The plan is a subsidy to investors at taxpayers’ expense. Investors who took risks to earn profits must also bear the losses. Not every business failure carries systemic risk. The government can ensure a well-functioning financial industry, able to make new loans to creditworthy borrowers, without bailing out particular investors and institutions whose choices proved unwise. 2) Its ambiguity. Neither the mission of the new agency nor its oversight are clear. If taxpayers are to buy illiquid and opaque assets from troubled sellers, the terms, occasions, and methods of such purchases must be crystal clear ahead of time and carefully monitored afterwards. 3) Its long-term effects. If the plan is enacted, its effects will be with us for a generation. For all their recent troubles, Americas dynamic and innovative private capital markets have brought the nation unparalleled prosperity. Fundamentally weakening those markets in order to calm short-run disruptions is desperately short-sighted. For these reasons we ask Congress not to rush, to hold appropriate hearings, and to carefully consider the right course of action, and to wisely determine the future of the financial industry and the U.S. economy for years to come.
Le troisième point est cependant bizarre. Les USA ont-ils vécu 20 ans de prospérité, ou 20 ans de bulle spéculative ? Est-ce très sain ?
Bizarrement il y a déjà eu un consensus entre économistes américains (le Consensus de Washington) : il a conduit à une vague de réformes des pays en développement qui se sont traduites par dix crises majeures, dont une (sud-est asiatique) qui a failli être mondiale.
Et si ce que les économistes craignaient était, justement, outre les bugs du modèle, de ne plus pouvoir mettre librement en œuvre les idées qui leur tiennent tant à cœur. Celles qui semblent à l’origine des crises de ces dernières décennies ?
Compléments :
- Le billet de The Economist : Crisis roundtable: The economists' position.
- Sur l’opinion de nos parents et sur la socialisation de l’économie qui a marqué le monde de l’après guerre : SASSOON, Donald, One Hundred Years of Socialism: The West European Left in the Twentieth Century, New Press, 1998.
- Sur le désespoir de l’économiste Hayek, qui voyait dans cette socialisation la promesse d’un totalitarisme mondial : HAYEK (von) Friedrich A., The Road to Serfdom, University of Chicago Press, 1994.
- Le Consensus de Washington et un exemple de conséquence : Changement en Russie.
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