- 20 Minutes me semble un optimum d’application des sciences du management. Résultat ? Tristounet. C’est toujours le cas. Ce qui fait le gros succès, c’est le génie humain, pas la technique. « Transformer l’avenir à son avantage » disent Hamel et Prahalad.
- Les dirigeants de la Presse Quotidienne Régionale ma disaient que ce qui la menaçait le plus était la disparition des rites : jadis, acheter un journal faisait partie des gestes quotidiens. La Presse fait face à des transformations sociétales. C’est aussi vrai dans son contenu : les ténors de l’intelligence nationale s’y affrontaient, les gloires littéraires y avaient un feuilleton… Tocqueville n’a peut-être pas tort : la démocratie a raboté le génie national. La presse en est victime. Et puis il y a Internet, la télévision, la radio, les gratuits… Eux nous ont appris la gratuité. La presse est-elle un dinosaure ? Elle était protégée par une énorme inertie. Un capital de marque sans beaucoup d’équivalents, bâti sur des décennies de talent et des usages chevillés à l’inconscient collectif… Elle a usé de cette inertie pour justifier le statu quo, plutôt que comme tremplin de changement ? Il faut tout casser, au risque de tout perdre ?
- J’ai été frappé par la diffusion de l’Équipe, qui a l’air de marcher fort. De même, j’ai l’impression que le Canard Enchaîné n’a pas connu de crise, en près d’un siècle d’existence. Y aurait-il de la place pour un positionnement clair ? Pour la passion ?
- Le referendum sur la constitution européenne. Soudainement la France s’est agitée. Elle a cherché à se faire une opinion. Elle a cherché des informations. Où les a-t-elle trouvées ? Sur Internet. Chez des gens sans prétention, qui présentaient honnêtement ce qu’ils avaient consciencieusement collecté. Ce qui m'a fait penser au traitement par le Wikipedia anglais des événements en cours. Il recense l’information disponible. En essayant de la traiter de manière honnête. C’est utile.
- Ce blog est bâti sur des réactions. La presse quotidienne me fait-elle réagir ? Généralement non. Il manque quelque chose à ses articles. Ce quelque chose est dans les articles des universitaires, des défenseurs d’une cause, même si je ne la partage pas. Dénominateur commun : la profondeur de leur recherche. La presse actuelle rapporte sans valeur ajoutée. Ou applique à l’information une idéologie sans profondeur, une « bien pensance » qui n’a pas été endurcie par la critique.
- Je ne suis pas sûr que les journaux doivent tout casser. Je crois qu’il n’y a jamais eu autant de gens qui se sont posé des questions aussi fondamentales. Ils ne réclament pas des solutions, mais des outils de réflexion. Et ces outils sont à portée de main : dans la connaissance accumulée par l’humanité, la science, la philosophie, les religions…
- Je me demande si les problèmes de la presse française n’ont pas quelque chose à voir avec ce que je disais des USA (Grande illusion). Une élite s’est détachée de la masse ? Elle a cru que ses valeurs étaient universelles ? Qu’elle pouvait les asséner, non pas au monde (la France a perdu toute ambition), mais au moins au petit peuple, stupide, à nous tous ? Qu’elle pouvait faire table rase du passé ? La presse est sa voix ?
Doit-elle découvrir que l’homme est digne de respect ? Sortir des certitudes d’une idéologie simpliste ? Réinventer le doute ? Chercher des solutions dans l’interrogation des grands textes de la sagesse humaine, qui se réinterprètent sans fin ? Dans « l’ordinateur social » qu’est la société ?
D’ailleurs l’évolution du monde (la sélection naturelle qui la pousse) ne nous soumet-elle pas à des problèmes sans arrêt renouvelés ? Y trouver une solution définitive n’est-il pas illusoire ?
Alors, besoin, énorme, en transformation permanente ? Pourquoi la presse traditionnelle ne pourrait-elle pas le satisfaire ?
HAMEL Gary, PRAHALAD C. K., Competing for the Future. Harvard Business School Press, Édition,1996.
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