dimanche 28 septembre 2008

RSA

Une amie m’envoie le texte suivant :

Avec le revenu de solidarité active (RSA), la France va construire une nouvelle usine à gaz. Ce substitut au RMI (revenu minimum d'insertion) coûtera plus cher, avec des effets limités sur l'incitation au travail, la création d'emplois et surtout des effets pervers sur les disparités entre salariés ! C'est sans doute le plus grave : une personne travaillant à 60 %, en contrat de RSA, peut disposer de ressources équivalentes à celles dont dispose un salarié à temps plein payé au SMIC, et même supérieures si l'on tient compte des avantages connexes au RMI dont continueront à bénéficier sans limite de temps les bénéficiaires du RMI. Les ouvriers et employés payés juste au-dessus du SMIC (16 % des salariés) vont vivre très mal cette situation au quotidien.

Comme d’habitude, je pourrais voir dans le RSA un exemple de notre incapacité à la mise en œuvre du changement. Nous théoriciens idiots. Inconsistance ? Ce n’est pas l’interprétation que je retiens.

Je rencontre des SDF tous les jours, et je suis désolé de leur état. Beaucoup de gens me disent qu’ils ont eu des moments difficiles dans leur vie et qu’ils s’en sont tirés. Que les SDF sont coupables de leur sort. Je ne suis pas convaincu. Je suis trop influencé par ce que j’ai lu de l’Angleterre du 18ème et du 19ème siècle. Elle aussi cherchait tous les moyens de rentabiliser ses pauvres (Workhouses - a mill to grind rogues honest, and idle men industrious), y compris à la maternelle. Leurs conditions de vie étaient abjectes.

Il est étrange que nous ne nous intéressions qu’aux hommes pour leur capacité de production. Mais être capable de fabriquer des bombes, de perdre son temps en réunion, ou de ficeler des bulles spéculatives, est ce que cela fait de nous des élus ? L’homme, même SDF, n’est-t-il pas infiniment plus complexe, et admirable, que toutes les machines que nous avons créées ?

Je vois dans cette mesure la manifestation de la solidarité (bien maigre) que nous devons à des êtres respectables que nos règles imparfaites éjectent du jeu.

Tout ce que produit l’Etat français est complexe et mal fichu. Est-ce pour autant qu’il ne doit rien faire ? D’ailleurs, n’est-il pas temps que nous arrêtions d’être des spectateurs critiques, et impuissants, et que nous réparions ce qui a besoin d’être réparé ?

Compléments :
  • GODET, Michel, Non au RSA et à ses effets pervers, Le Monde.fr, 25 septembre 2008.
  • PORTER, Roy, English Society in the 18th Century, Penguin books, 1991. (La citation est de Jeremy Bentham.)

Aucun commentaire: