vendredi 19 septembre 2008

Démocratie américaine

Qu’est-ce que la résistance au changement ? dit que beaucoup d’échecs du changement sont liés à une incompréhension. Le mot « démocratie » est, justement, un sujet d’incompréhension. Les Américains ne l’entendent pas de la même façon que nous. Cette note tente la traduction par application de la technique du paradoxe. Le paradoxe montre qu’il y a divergence entre notre logique et celle d'une personne ou d'une organisation.

Étape I – Un paradoxe du comportement américain : une nation agressive

J’associe démocratie à paix. J’ai d’ailleurs toujours vu l’Amérique comme un géant pacifique. Ne nous a-t-il pas sorti de deux guerres, qui ne le concernaient qu’à peine ?... Paradoxe : les nations anglo-saxonnes ont aussi défié des gouvernements qui ne cherchaient pas la bagarre. Exemples :
  • Chine ou Japon (Voyage à Tokyo), deux nations qui vivaient repliées sur elles-mêmes jusqu’à ce qu’une série d’agressions les réveillent.
  • On admet aujourd’hui que l’URSS a eu un comportement défensif (Grand expectations). L’Amérique l’a entraînée dans une course à l’armement.
  • Dans la doctrine néoconservatrice, qui a inspiré George W. Bush, « l’axe du mal » (Irak, Iran, Corée du Nord) doit être éliminé par une « guerre préventive » (voir l’article de Wikipedia anglais sur « néoconservateur »).
En regardant ces exemples, et même celui de la France (Michel Crozier la croit la Chine de l'Europe, pour son immobilisme), on réalise que l’idéal de beaucoup de peuples est de vivre replié sur soi. Il est d’ailleurs tentant de penser que tout ce monde ne réagit agressivement que parce qu’il est agressé. Pourquoi les USA voient-ils des menaces partout ?

Étape II – Trouver un modèle qui explique le paradoxe : démocratie = libre échange

Outil n°1 d’analyse du paradoxe : rechercher les fondations de la « logique » de l’organisation que l’on veut faire changer. Pour une entreprise, on examine la pensée de son fondateur. Pour une nation, il faut trouver des textes qui parlent de ses débuts. La Richesse des Nations d’Adam Smith pourrait être un tel texte. Notamment par rapport à la culture de l’élite marchande anglo-saxonne. Qu’y voit-on ?
  • La Richesse c’est produire de plus en plus de biens matériels (d’où notre obsession pour la « croissance »). L’optimum est obtenu par le marché le plus étendu possible, donc mondial (« globalisation »). La production est alors maximale, parce que la « division des tâches » est maximale. Le moteur du processus est l’intérêt individuel. Le marché utilise cette énergie pour prospérer (main invisible). Il redistribue la richesse produite (égalitairement). C’est une rationalisation du monde du boutiquier.
  • Si la démocratie est l'état qui permet cet optimum, alors, Démocratie = individu libre (qui suit son intérêt personnel) + libre circulation des biens et des personnes = droits du commerçant (homme = commerçant).
Étape III - Notre modèle explique-t-il le paradoxe ?

Pour ce modèle, les pays refermés sur eux-mêmes sont des menaces pour la « démocratie » : ils bloquent l’échange de biens. Ils menacent les droits du commerçant. Dans ces conditions une dictature favorable au commerce peut être amicale (cf. celles de l’Amérique du sud).

Étape IV – Notre modèle explique-t-il l’avenir ?

Un modèle n'est pas juste. Il est utile. Il fait prendre de saines décisions au cours d’un changement. Puisque je ne suis pas engagé dans le changement des USA, mon exemple ne sera jamais plus qu’un exemple. Le mieux que je puisse faire est de regarder du côté de la Chine, qui change. Je soupçonne qu’elle veut rejeter à la mer l’influence occidentale. C’est le nom du changement. Comment s’y prend-elle ? Elle pourrait avoir lu Adam Smith :
  1. Elle s’est ouverte, et joue la règle de l’échange. Elle a éliminé le risque d’agression.
  2. Elle utilise le moteur du système (l’intérêt de l’Américain), pour manipuler l’entreprise américaine et son gouvernement et leur faire servir ses propres intérêts.

L’élite américaine est satisfaite : la Chine s’est ouverte à l’échange. Elle ne peut que devenir « démocratique ».

Compléments :

1 commentaire:

Minter a dit…

Un autre mot que je trouve -- avec beaucoup d'implications pour le travail -- compris différemment entre la France et les États-Unis: pragmatique. Et la différence s'articule beaucoup autour de la relation avec le temps. Pour la France, le pragmatisme c'est permettre une réunion de s'étendre afin de bien analyser et débattre d'un problème jusqu'au bout, même si la réunion dépasse. Ils ont horreur de l'américain qui arrête la réunion a l'heure prévue (dogma). A contrario, l'américain va chercher une solution et une décision dans le temps donné car il sait que mieux vaut agir qu'attendre en quête de perfection (dogma).

Selon moi, c'est le mot le plus utilisé et mal compris des 2 cotés dans les affaires.