Lointain souvenir : alors, je rentrais chez moi vers 20h, crevé. Par habitude, j’écoutais France Inter. Moins de 5 minutes. Au-delà, la présentatrice de l’émission du moment m’aurait conduit au suicide. Je l’avais surnommée la « Mouette rieuse », en hommage à Gaston Lagaffe. Un soir, elle annonce, très satisfaite, qu’elle a vu un excellent spectacle ce week end. Souffle de reconnaissance. Je me surprends à la trouver sympathique… Le spectacle montrait l’abjection du monde ! Deux observations :
- Le Français est très critique. C’est une manière d’être. Elle ne signifie (normalement) pas qu’il est malheureux (Sœur Emmanuelle).
- Le type de critique de France Inter a une teinte particulière. Il est « bien pensant ». Je me demande si le Parallélisme France USA ne se retrouve pas ici. L'Amérique segmentée montre une société divisée entre intellectuels et peuple. Les premiers ont de nobles idéaux. Ils veulent faire notre bonheur, nous guérir de nos bassesses. Comme (dans le cas étudié ici) ils sont Français, la parole leur suffit. Il y a peu de chances qu’ils déclarent la guerre à l’Irak.
Donc, radio de service public voix de l’élite ? Elle nous dit que nous sommes laids, et que c’est sans appel ?
Compléments :- Norbert Elias attribue l’impression d’isolement que ressent l’homme à l’individualisme de notre société (occidentale). Michel Crozier observe aussi que le Français vit dans un univers clos (Le bon plaisir de Michel Crozier). Autrement dit, il ne faut pas en vouloir à l’élite. Elle ne gesticule qu’en direction d’un petit cercle. Le reste du monde n’est pas peuplé d’humains.
- Le Canard enchaîné dit beaucoup de mal de notre société sans être déprimant, du moins pour moi. Pourquoi ? Il indique un coupable. Par contraste, je suis le coupable de la radio. Le suicide est la seule conséquence rationnelle de ses prescriptions.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire