jeudi 11 septembre 2008

Nous sommes tous des Américains !

Je me suis longtemps demandé d’où venait le parallélisme entre les modèles Français et Américains (note précédente). Je crois que la réponse c’est l’individualisme et la rationalité.
  • La rationalité signifie que l’on peut identifier ce que Taylor appelait la « seule bonne solution ». C'est-à-dire que l’homme peut prévoir l’avenir, et distinguer le meilleur chemin pour y parvenir. L’organisation bureaucratique, le sommet du progrès suivant Max Weber, en découle : à partir du moment où vous savez où vous allez, il n’y a plus qu’à suivre le plan. La tâche est divisée en sous-tâches, qui sont exécutées par des fonctions spécifiques. La production de masse en résulte naturellement.
  • L’individualisme explique aussi la division du système en classes. Par définition, ce type de société n’est pas solidaire. Chacun fait de son mieux pour lui et les siens. Sans même le faire exprès, les plus « forts » vont donc se réserver le système d’éducation. En en excluant les autres. De ce fait, ils se reproduiront. Les autres seront « non qualifiés ». C’est pour guider ces analphabètes qu’a été créée la procédure taylorienne.
Il n’est donc pas étonnant qu’il se crée des élites qui, dans les deux cas, se pensent coupées du monde (Avenir de la presse et Grande illusion). Mais la nature de l’individualisme est différente si l'on en croit Adam Smith (La Richesse des Nations) et Montesquieu (De l’esprit des lois). Ils parlent de ce qui fait tenir ensemble leur société presque exactement dans les mêmes termes mais avec une différence :
  • Dans un cas, l’homme est mû par son seul intérêt matériel et fait, sans le vouloir, l’intérêt collectif.
  • Dans l’autre, c’est le sens de l’honneur qui a cet effet.

4 commentaires:

Phyrezo a dit…

Alors la je reviens à ma spirale dynamique; l'individualisme est instable. Descartes, Montesquieu, Taylor et tout le toutim on poser les bases de l'apparition du niveau orange, individualiste, qui régit encore notre société aujourd'hui.

Dékà entendu parler des créatifs culturel qui représente aujourd'hui 24% de la population aux US et apparemment 17% en France ?

Christophe Faurie a dit…

Que dit la spirale quant à notre avenir ? Une seule option d'évolution ? Plusieurs ? Peut-on faire quelque-chose pour basculer d'un côté ou de l'autre ?

Aurel a dit…

En ayant posé les base d'une société pyramidale, ou la conscience de la société dépasse celle de l'individu (on peut mourir pour son pays), l'apparition de l'individualisme est possible. On cherche son intérêt personnel en premier, et la motivation est de grimper les échelons(niveau orange de la spirale), cependant on perd progressivement la conscience du collectif (rare sont ceux qui aujourd'hui iraient mourir pour la France). Cependant en basculant dans l'excès d'individualisme on recherche à nouveau le collectif, qu'on ne trouve plus dans les pyramides, mais dans les communautés (association, regroupement autour de certaines valeurs, etc...). Les créatifs culturels représentent le stade d'évolution postérieur, ils ont une conscience systémique, ce qui les intéressent est leur rôle (développeur open source) plus que leur réussite (chef de projet).

Christophe Faurie a dit…

Effectivement, ça ressemble à ce que dit Norbert Elias : après une phase de spécialisation, redécouverte de la société.
C'est aussi ce que semble montrer mon expérience : pour mener le changement il faut combiner une approche "sociale" / "systémique" (faute de meilleurs termes) aux techniques rationnelles occidentales traditionnelles.
Faire ce que les Japonais ont fait, mais à l'envers.
Il me semble que cette transformation doit partir de l'individu : il doit "prendre son sort en main". Et pour cela, il doit redécouvrir la société, à commencer par l'amitié.
Merci pour ces très intéressantes idées!