jeudi 11 septembre 2008

20 Minutes et Pierre-Jean Bozo

Hier, visite de Pierre-Jean Bozo, dirigeant du Journal 20 minutes, au Club Media and Entertainment. Salle comble.

  • 20 minutes, c’est plus de 2,5 millions de lecteurs. C’est le quotidien le plus lu en France. 4ème site Web d’information (2 millions de visiteurs uniques par mois). En 18 mois.
  • Un modèle conçu par Schibsted (groupe norvégien), et appliqué à la Suisse, l’Espagne, puis la France. Dans chaque pays un partenaire local (Sud Ouest en France).
  • Stratégie française ? « on est orienté besoin client ». C’est la faiblesse des quotidiens nationaux. Que j’interprète ainsi : les journalistes ont constitué une communauté fermée. Leurs propos reflètent les valeurs de cette communauté. Le reste de la population ne s’y reconnaît plus. Pire : l’information n’est plus « crédible ». 20 minutes veut répondre au besoin d’information « de l’honnête homme », en sortant du modèle « triste et anxiogène », marque de fabrique de la presse française. Il veut fournir une information « pertinente », qui parle plus de politique que de politiciens, qui donne beaucoup d’informations locales, dans un format agréable à lire… Et le prix là dedans ? Il ne compte pratiquement pas.
  • Gros souci d’éthique, de qualité (aussi du contenant : un papier « magazine », qui ne tâche pas – lectrice féminine oblige).
  • Cible ? Le Jeune Urbain Actif. Touchée : moyenne d’âge du lecteur 36 ans, 51% de femmes, technophiles et (sur) diplômés. Ce n’est pas le lectorat traditionnel, mais c’est celui qu’aiment les annonceurs.
  • Indicateur de succès ? Que l’on ait envie de parler du journal, qu’on le donne. Ce qui semble le cas : plus de 2,5 millions de lecteurs, pour 740.000 copies ; pas loin du Monde : 4 lecteurs pour un journal.
  • Très attentif aux évolutions du marché (études semestrielles), le journal et son réseau de distribution sont optimisés en permanence. Sa structure aussi. Deux métiers : contenu (130 équivalents temps plein, dont 92 permanents – plus que les rédactions des grandes radios), et le commercial (publicité). 200 personnes qui seraient 800 pour un titre classique. Une machinerie complexe : par exemple la société gère 11 imprimeries.

Success story ? Peut-être plus en termes de « révolution » de la presse nationale, qu’en termes financiers. Certes, 20 minutes est rentable. Suffisamment pour affronter un retournement économique ? En tout cas 98% des revenus viennent de l’édition papier, 2% du Web, et 0 du mobile – en dépit d’une 3ème place, hors SFR / Orange.

Ce résultat valait-il autant de talent et d’énergie ?

1 commentaire:

Bovary a dit…

C'est comme ça que je perçois 20 Minutes.
1- j'ai été séduite par le format, car dans le métro, le Monde, Métro justement, et d'autres journaux, ne sont pas "lisibles", sans empiéter sur 2 ou 3 personnes.
2- j'ai trouvé dès le début la maquette élégante, très bien faite, avec des codes couleurs astucieux.
3- j'appelle 20 Minutes "la presse d'opinion", certes un peu par dérision,
mais en attendant j'y trouve les infos qui m'intéressent le temps d'un trajet en métro. Ensuite si je veux en savoir plus, je peux lire d'autres journaux ou aller sur le net.



Anecdote : pendant 22 mois, ayant la chance de passer de bonne heure à une station de métro où les piles de 20 Minutes étaient proposées, je " livrais" 20 Minutes chaque jour à une dizaine de personnes, qui m'attendaient avec impatience dans la banque dans laquelle je travaillais ...