- Les ingénieurs de Dassault Aviation étaient des pionniers de l’informatique. Très tôt les avions de chasse ont été pilotés par ordinateur. Dans ces conditions le bug tue. On apprend à l’éviter. Et Dassault Aviation ayant toujours été pauvre, ses équipes étaient petites.
- Quelques-uns de ses ingénieurs ont inventé Catia, fameux logiciel de CFAO. Les premières versions de Catia me semblaient remarquables de structuration et de rigueur. Ça s’est gâté ensuite. Pourquoi ? Les carrières chez Dassault Aviation étaient lentes, on y apprenait un métier. Chez Dassault Systèmes, qui a repris Catia, c’était tout le contraire : on grimpait extrêmement vite (dans les années 80). Technique ? Projet utopique et séduisant. Mal ou pas spécifié, donc impossible à mener à bien. Dérapage. Croissance exponentielle de l’équipe de développement (par recrutement d’inexpérimentés). Donc augmentation du prestige de son responsable. Promotion à de plus importantes fonctions.
Voilà la menace qui plane sur la tête de tout changement. Le changement nous met en face de conditions nouvelles. Les vieilles recettes ne marchent plus. Que faire ? Énorme tentation de bricoler. « D’innover », au sens du sociologue Robert K. Merton. C'est-à-dire de faire « comme si » on avait fait correctement son travail. Le rôle de l’animation du changement est là : ne pas laisser l'organisation en paix tant qu'elle n'a pas trouvé de solutions « conformes », qui respectent les intérêts à long terme de l’entreprise. Ce n’est qu’à ce prix que se construisent les entreprises durables.
Compléments :
- J'explique la théorie de Robert Merton dans : Braquage à l'anglaise.
- Sur l’art de bien programmer, à l'époque des projets qui firent la fortune et la gloire d'IBM : BROOKS, Frederick P., The Mythical Man-Month. Essays on Software Engineering, Addison Wesley, 1995.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire