jeudi 31 janvier 2013

Pourquoi l’Anglais ne veut plus de l’Europe ?

Il paraît que l’Angleterre fait de la contrepublicité. Elle se décrit comme moche et pauvre. Histoire de décourager le potentiel immigré. D'après France Culture ce matin.

Anecdote qui révèle les raisons de la haine de l’Europe ? Ce qu’elle lui reproche c’est le libre échange, dont elle est l’artisan ?

C’est un peu ce que disait Michel Barnier. Si l’Europe ne fonctionne pas comme une zone de libre échange, c’est parce que Mme Thatcher n’a pas voulu payer pour aplanir les différences entre pays.

Le libre échange, à sens unique ?

Le problème avec les fonds d’investissement

Depuis près de vingt ans, je suis environné de gens qui pestent contre les fonds d’investissement. Ils leurs reprochent d’investir en troupeau, selon des modes qui n’ont aucune rationalité économique. Curieusement, ils pensent encore plus de mal des business angels, confits dans des certitudes d’un autre âge. (Attention à ne pas prononcer le mot « banque », vous ne les reverriez plus.)

En y réfléchissant, j’en suis arrivé à me dire que le problème de notre système financier est qu’il n’est pas fait de ce que les théories du marketing appellent « early adopters ». Eric Harlé était l’exception qui confirmait la règle.

C’est pour cela que je conseille aux entrepreneurs de rechercher de l’argent auprès de personnes susceptibles de comprendre ce qu’ils font. Et il y a maintenant beaucoup de salariés riches. 

mercredi 30 janvier 2013

L’Européen tondu par ses gouvernants ?

Lundi matin France Culture parlait de l’Europe. J’en ai retenu qu’en 2004 10 pays y étaient arrivés d’un coup. 100m de personnes en plus. Ce qui a fait tomber le PIB par habitant de l'UE de 11%. Et entrer parmi nous la corruption, et la guerre. Grâce à Chypre nous sommes en conflit avec la Turquie.

Ce qui intéressait ces pays était l’OTAN, l’autre nom de l’Amérique. L’UE était un « tiroir caisse ». Un dû. Comme le montre la Hongrie, qui respecte bien peu des valeurs fondatrices de l’Europe, tout en encaissant 2% de son PIB en aides européennes. Les Anglais ont gagné. Ils ont fait de l’Europe une zone de libre échange.

Curieusement nos gouvernants nous ont déclaré que « rien n’allait changer ». Si bien que tout ceci s’est déroulé sans le moindre débat démocratique.

Bref, nous nous sommes fait tondre. Qu’est-ce qui a pu pousser nos dirigeants à accepter un tel marché de dupes, me suis-je demandé ? Y avaient-ils un avantage ?

Je n’ai pas trouvé de solution. Quelques pistes seulement. L’entrée dans l’euro des pays de l’est a permis une fameuse bulle spéculative, qui a failli mettre notre système bancaire à genoux. Elle a dû enrichir pas mal de monde, et faire quelques carrières. Il y a eu aussi pas mal de délocalisations. Elles ont permis des améliorations de rentabilité, sans gains de productivité, sans fatigue. Pas besoin de délocaliser, d’ailleurs, pour comprimer nos salaires. La menace suffisait. Finalement, l’Europe de l’est est traditionnellement l’espace vital allemand. 

Wikipédia ou les limites de l’individualisme ?

Wikipédia, c’est la vie, mais pas l’œuvre. On y développe avec un luxe inouï les anecdotes de la vie d’une personne, la plus insignifiante soit elle, mais il est quasi impossible d’avoir la moindre confiance en ce qui est dit sur une œuvre.

Wikipedia est un travail d’individus. En conséquence, ils parlent d’individus ?

Alors qu’une encyclopédie est un projet social, qui parle d’œuvre, i.e. de contribution de l’individu à la société ?  Et qui paie des spécialistes pour cela ?

mardi 29 janvier 2013

Angleterre, Europe, Jihadisme...

Quoi de neuf dans The Economist ?

En dehors des règlements de compte de Barack Obama, dont je parle ailleurs, on y voit David Cameron annoncer un referendum à son peuple sur l’appartenance de son pays à l’Europe. C’est pour 2017. Entre temps, il se fait fort d’obtenir des concessions des autres Européens. Apparemment, il aurait tort de se priver, l’Allemagne et la France n’auraient rien à lui refuser. L’Angleterre subit un curieux phénomène. On y travaille de plus en plus, mais on y produit de moins en moins. Parce que le système bancaire ne laisse pas faire les faillites, et n’a donc pas de cash pour les secteurs qui se développent ? Préoccupant ? Serait-ce pour cela que son gouvernement parle autant d’Europe, alors qu’elle ne préoccuperait pas outre mesure les indigènes ?

On parle aussi du jihadisme en Afrique. Il aurait « saisi des doléances légitimes nourries par la pauvreté, la discrimination, et la mauvaise gestion de gouvernements corrompus ». Qu’arriverait-il s’il parvenait à « contrôler les ressources d’un pays entier » ? Un message en direction des USA, qui ne veulent plus entendre parler d’autre part que chez eux ?

Partout, le monde semble partir à gauche. En Israël, d’abord. Mais peut-être aussi en Allemagne. Les prochaines élections pourraient poser plus de difficultés à la chancelière que prévu. Ce qui devrait lui rendre difficile la réforme de l’Europe. Toujours est-il que le système bancaire européen va subir un contrôle allemand. Ce ne serait pas une bonne idée. Les bulles sont locales, et demandent une gestion locale. Quant aux 50 ans franco-allemands ? Vieux couple.

Sinon ? The Economist pense (comme ce blog), que l’avenir d’Apple est derrière lui. Il est maintenant incapable de bouleverser de nouveaux marchés. Dans un univers devenu concurrentiel, il ne fait pas le poids face à Samsung. Il en serait de même du « leader global » que veut former l’Insead. Donner ce titre à une personne lui tournerait la tête. « Si le leadership a une sauce secrète, c’est peut-être l’humilité. Un patron humble comprend qu’il y a des choses qu’il ne connaît pas. Il n’écoute pas seulement les autres grands pontes de Davos, mais aussi le type de gens qui n’est pas invité, ses clients, par exemple. » Décidément le monde bascule à gauche… (Et The Economist rejoint curieusement ce qu’un de mes commentaires disait de polytechnique.)

On a trouvé le moyen de stocker de l’information dans l’ADN. Toute l’information du monde tiendrait dans un camion. Mais le procédé est coûteux, et ne permet pas une lecture / écriture rapide. Approprié pour le stockage à long terme. 

lundi 28 janvier 2013

La concurrence ne crée pas l’innovation

Une étude (américaine) semble montrer que seule la start up est innovante. Une fois l’entreprise arrivée en bourse, elle achète son innovation en absorbant des start up.

Il y a quelque chose de culturel là dedans : les entreprises allemandes semblent, par exemple, avoir institutionnalisé l’innovation. Cela paraît surtout une nouvelle contradiction de l’idée libérale selon laquelle la concurrence suscite l’innovation. L’innovation a certainement d’autres moteurs. En particulier celui de se faire une place au soleil pour l'entrepreneur américain, ou de dominer le monde, pour son concurrent allemand ? 

dimanche 27 janvier 2013

La vengeance d’Obama

Après Ben Laden, et avant Netanyahou ?, c’est au tour des Républicains. Barack Obama est parti pour détruire ceux qui l’ont trahi.

Comment va-t-il s’y prendre ? En force. Les Républicains représentent le Blanc conservateur, une race en déclin. Barack Obama a construit une coalition d’intérêts, des homosexuels, aux immigrés, en passant par les femmes libérées. Il a le nombre pour lui. Il a pris les Républicains, et leur refus de coopérer, à leur propre jeu. Et il va leur rentrer dans le gosier la stupidité de leurs sophismes. En particulier celui qui veut que le riche crée la richesse. Que la société lui doive tout.

Au passage, il montre, ce dont on doutait à une époque, qu’il a des convictions.

Coming out d’un Barack Obama tueur? Pas certain. Il utilise, peut-être, le tit for tat (dent pour dent), la meilleure façon de se faire des amis, selon Robert Axelrod. Ainsi, il a commencé par être sympathique. Les Républicains ont été abjects. Il leur répond avec leurs arguments. S’il suit le schéma de Robert Axelrod, il devrait redevenir sympathique dès que les Républicains commencent à l’être.

Ce qu’il y a de curieux chez lui, c’est à quel point il aura ridiculisé ses adversaires. John McCain affirmait qu’il ne pouvait être un chef de guerre. Or, Obama est probablement le tacticien le plus doué, le plus froid et le plus implacable, qu’ait jamais compté l’armée américaine. Mieux. C’est lui contre tous. Et il y a de bonnes chances qu’il leur fasse boire un bouillon. Eh oui, il donne raison aux dogmes républicains ! L’individu peut avoir le dessus sur une société ! Pire des vengeances : montrer à ses adversaires qu’ils sont indignes de leurs propres idéaux ?

Mali : guerre système D ?

Apparemment, les Américains semblent dire que l’arrivée de l’Armée française au Mali était mal organisée.

Nouvelle manifestation de notre système D national ? On intervient dans l’urgence, et ensuite on improvise. Ça ne rate pas toujours. Et ça a l'avantage d'être rapide. Effet de surprise assuré. D’ailleurs, en ce qui concerne l’expérience de notre armée, elle se compte probablement en millénaire. Ce qui importe avant tout, il me semble, c’est sa motivation. 

Relancer l’économie en sortant du capitalisme

Les derniers numéros de The Economist donnent une intrigante image du capitalisme. On y voit exploser le tissu social (cf. le bidonville du Kenya). Du coup, l’homme n’ayant plus d’ami (plus de famille non plus), tout devient privé et payant. On y voit aussi que notre avenir est technologique, et que très peu d’hommes auront les compétences nécessaires à trouver un travail. L’entreprise n’a plus besoin d’hommes !

La France, globalement, est dans une mauvaise passe. Elle dépense plus qu’elle ne gagne. Et elle paie des chômeurs qui ne peuvent que s’accroître. Le capitalisme semble chercher à lui rendre le coût de la solidarité sociale si élevé qu’il lui deviendra insupportable. Le capitalisme transforme la société en individus isolés.

Pour redresser la barre, il faut probablement faire comme les Russes lors de leur grande crise récente : reconstruire une économie informelle, à base de solidarité sociale. Mais comment se transformer ainsi, lorsque l’on a été encouragé à profiter du système ? 

samedi 26 janvier 2013

Le meilleur dirigeant du monde

L’Insead classe les dirigeants mondiaux selon leur performance au long cours. En tête : Steve Jobs. Dans les Français bien classés : Philippe Varin (maintenant dirigeant de PSA).

 C’est étrange. Philippe Varin n’inspire pas, actuellement, une admiration illimitée. Et lorsque j’étais à l’Insead, Steve Jobs était vu comme un raté. On donnait d’ailleurs en exemple son successeur (maintenant oublié). Cette étude est-elle bien scientifique ? Ne masque-t-elle pas une hypothèse qui pourrait être fausse ? à savoir que le dirigeant est seul responsable de la performance de son entreprise ? Qu’il est tout, et que nous, et le reste de l’univers, ne sommes rien ?

Du principe du conseil en stratégie

Histoire qui m’est arrivée il y a peu. Je travaille avec un groupe de consultants. Nous devons monter un plan d’action pour un projet commun. Nous répartissons les sujets à traiter entre deux sous-groupes. Au moment où nous nous réunissons pour mettre à exécution ce plan, arrive quelqu’un que nous voyons rarement, par ailleurs consultant en stratégie. Il s’improvise animateur et rapporteur d’un des groupes. Et déclare aussitôt qu’il n’est pas d’accord avec le projet. Après une heure trente de discussion sans résultat, il est obligé de partir avant la fin de la réunion du fait d’un engagement. Bref, j’ai dû faire ce qu’aurait dû faire son groupe.

L’anecdote me semble révélatrice de ce qu’est un consultant en stratégie. En quoi tient la nature de son efficacité. Et donc comment l’utiliser à bon escient :

Son action est purement destructrice, désorganisatrice. Pour ne pas être disloquée, l’organisation doit réagir, devenir intelligente, sortir de son état végétatif. C’est une forme d’électrochoc.

Pas mal de faits corroborent cette idée. L’ami qui m’a mis en contact avec le dit consultant est lui-même un ancien consultant en stratégie. Depuis, il est devenu redresseur d’entreprises. Or, son action a un double effet : il transforme effectivement, brutalement, les entreprises et les organisations dont il s’occupe, mais il se fait aussi, systématiquement, éjecter. Un autre souvenir : un grand patron ancien haut consultant disant à l’un de mes associés de l’époque qu’être consultant c’est « déstabiliser » son client.

On retrouve ici une idée qu’ont eue les philosophes grecs, et Heidegger, en particulier : l’homme confronté au néant découvre ce qu’est la réalité de son être. Mieux, peut-être, l’être a besoin du néant pour s’inventer.

On retrouve aussi une idée que m’a donnée une étude sur l’évolution du génome. L’individualisme / parasitisme est le moteur de l’innovation. Il force l’être complexe à se transformer pour parer une agression qui menace de le détruire. 

vendredi 25 janvier 2013

Sortir la France de la panade… Système D!

On n’arrête pas de vouloir nous transformer en Allemands, en Américains, voire en Chinois ! Ce qui ne va pas en France est que nous nous entêtons à avoir honte d’être français.

Au contraire, nous devons retrouver ce qui fait notre force. Qu’est-ce ? Le système D. Le système D, c’est casser les règles du jeu, c’est faire un exploit que l’on pensait impossible, et, en plus, sans moyens ! Autrement dit, c'est l'innovation pour les fauchés. Ce qui correspond exactement à ce dont nous avons besoin, à entendre les meilleurs économistes.

D’ailleurs, notre plus gros problème n’est pas d’être fauchés, mais de nous croire maudits. Nous devons retrouver ce qu’Albert Hirschman appelait « a bias for hope ».
Avec des amis, je lance le blog du Système D. Principe : courtes vidéos montrant des techniques utilisées pour résoudre des problèmes insolubles, apparemment.

N’hésitez pas à nous soumettre les vidéos de vos succès, ou les questions qui vous tracassent ! (La marche à suivre se trouve ici : http://systemefrance.blogspot.fr/p/participer-nous-contacter.html.)

jeudi 24 janvier 2013

Réussite scolaire

Il y a peu, je discutais avec un jeune diplômé qui consacre quelques jours à des élèves qui viennent de milieux défavorisés. Il semblerait que l’Education nationale cherche à les sortir de leur milieu, qui, curieusement, aurait un effet destructeur sur eux.

Au fond, ce qui fait le succès scolaire est bien plus l’environnement social de l’enfant, ses valeurs, que son intellect. La République des instituteurs l’avait compris. Elle expédiait l’élite du certificat d’études en pension, faire des études supérieures. Elle la coupait de son milieu d’origine.

Il est probable que si l’on veut retrouver notre système d’ascenseur social, il va falloir retrouver un mécanisme du même type.

Cela demande-t-il de grandes réformes ? Faut-il revenir à un temps où l’enseignant était le plus brillant des étudiants ? Je n’en suis pas sûr. J’entends dire que les enfants des enseignants font de brillantes études. Ne suffirait-il pas que nos enseignants appliquent à leurs élèves les méthodes qu’ils emploient avec leurs enfants ?

mercredi 23 janvier 2013

Retrouver l’esprit polytechnicien

On me disait il y a peu qu’il n’y avait plus de solidarité entre polytechniciens. Même au sein des corps les plus prestigieux.

Dans ma jeunesse, cette solidarité me semblait un peu ridicule. Deux polytechniciens qui se rencontraient se tutoyaient, et pensaient immédiatement du bien l’un de l’autre. N’appartenaient-ils pas à une élite que le monde nous enviait ? Lorsqu’un polytechnicien dirigeant avait besoin d’un spécialiste de quelque chose, il appelait un camarade qui avait la dite spécialité. Jamais il n’était question d’argent. On était au dessus de cela. Mais les factures étaient réglées.

Depuis, j’ai changé d’avis. Le réseau des polytechniciens était un réseau de confiance. On y trouvait des gens extrêmement compétents et peu coûteux, en particulier si l’on considère les salaires pratiqués de nos jours. Dans ces conditions, il était rationnel que l’on fasse appel à eux les yeux fermés. Mieux : pas besoin de chercher, d’évaluer… on trouvait la bonne personne tout de suite. Un rêve. Tous ceux qui ont cherché un artisan savent de quoi je parle.

Eh bien, il me semble qu’un enjeu important de notre avenir est de reconstruire de tels réseaux.

mardi 22 janvier 2013

Outsourcing et systèmes éducatifs

Une mode de management de plus ? Les entreprises américaines rapatrient leurs emplois « low cost ». Les prix ont augmenté en Orient et baissé en Occident, et la main d’œuvre y est devenue flexible. Et il y a aussi les coûts de transport, et le fait que l’on redécouvre qu’il est utile que recherche et développement et production collaborent. Sans compter qu’en externalisant son savoir-faire, on l’apporte à ses concurrents. Finalement, tout bien calculé, il n’est pas certain que c’ait jamais été rentable. Mais, voilà, les entreprises bougent en troupeau. La nouvelle tendance est d’être proche des gros marchés. Les facteurs de succès pour une nation sont maintenant : « des compétences et un système de formation au meilleur niveau, ainsi qu’une main d’œuvre flexible et motivée, des groupements importants de sous-traitants et une réglementation intelligente ».

The Economist s’intéresse aussi (en conséquence ?) aux systèmes éducatifs. Facteurs de réussite ? La culture du pays, plus que le système éducatif lui-même ; l’importance que « l’histoire de la nation » donne à l’éducation ; chez les enfants, développer des qualités telles que « la capacité à rester concentré et à contrôler ses impulsions » ou « obstination et curiosité » plutôt que l’intelligence pure ; un environnement familial qui ne connaît ni maltraitance, ni dysfonctionnement ;  et enfin la qualité (et la motivation) des enseignants. (Des idées pour la France ?)

Décès de James Buchanan, un économiste qui s’était intéressé à la façon dont les Etats prennent des décisions. Et qui avait montré que les théories Keynésiennes les emmenaient sur la pente dangereuse de la dépense incontrôlée. Apparemment, il pensait qu’un pays pouvait résister à toutes les turpitudes politiques, pour autant que tout le monde croie aux principes de sa constitution. (Ce qui me semble avoir été aussi vu par Aristote.)

Pourquoi l’Angleterre a-t-elle adhéré à l’Europe ? Pour des raisons d’influence géopolitique, pas dans l’espoir de gains économiques. Les Eurosceptiques l’ont oublié.

En tout cas, la France s’est engagée au Mali dans une bien délicate aventure. Car le pays est un « chaos politique ». Cette guerre souligne aussi la faiblesse militaire européenne, à un moment où la rigueur frappe les budgets militaires et où les USA se retirent du monde.

(The Economist donne aussi des conseils à Barack Obama, mais je n'ai pas été convaincu de leur utilité.)

Qu’est-ce qu’aimer ?

Le fil de ma réflexion sur ce qu’apprend l’école au Français me conduit à une idée bizarre. « Aimer » aurait deux acceptions.  Ma discussion de communication et changement va d’ailleurs dans le même sens.

L’acception française, d’abord. Elle est basée sur la certitude. Aimer, c’est imposer aux autres ce que nous pensons bien pour eux. Déjà, l’Ancien régime voulait enrichir le paysan par la force, disait Tocqueville !
L’acception que je préfère, et qui est en contradiction totale avec la précédente, part du doute. Elle demande de comprendre l’autre. Aimer, c'est avant tout reconnaître que l'autre est un être complexe. Donc, digne d'intérêt et d'étude. Et ensuite ? Je ne sais pas trop. Il faut chercher...

lundi 21 janvier 2013

Le Français ne pense pas, il sait

Un précédent billet disait que notre école ne nous apprenait pas à penser. A quoi nous sert-elle, alors ? me suis-je demandé.

Réponse trouvée : à savoir. On nous inculque des certitudes. Notamment que tout problème a une solution unique. Et qu’on la trouve par l’opération du Saint esprit. A l’appui de cet argument : nos intellectuels ne pensent pas. Ils dispensent des certitudes. Et on les choisit comme gourous, justement pour ne pas avoir à penser.

Penser étant, en premier lieu, ne pas savoir, il est nécessairement combattu. Car penser signifie douter de nos certitudes. N’est-ce pas ainsi qu’il faut analyser la façon dont les journalistes font leur travail (un sujet d’interrogation de ce blog depuis son origine) ?

Japon : malheur au vaincu

Une nécrologie de The Economist, la semaine dernière, m’a frappé.

On y apprend que la partie de la constitution japonaise ayant trait aux droits de la femme a été confiée, par l’Américain victorieux, à une traductrice de 22 ans, au motif qu’elle était la seule femme présente. (Elle avait suivi les troupes d’occupation pour partir à la recherche de ses parents, artistes européens demeurés au Japon pendant la guerre.) Elle a alors décidé de rectifier ce qu’elle trouvait mal dans la culture japonaise.

Après le « père fondateur » américain, le « stagiaire fondateur » ? Faut-il s’étonner que l’Occident soit haï ? 

dimanche 20 janvier 2013

L’étudiant français est-il formé pour ne pas penser ?

J’ai passé le réveillon avec des étudiants de la London School of Economics. J’ai eu la surprise de me trouver embarqué dans une conversation sur Hayek, et sur les mérites comparés de l’innovation actuelle et de celle du début du siècle. Les arguments échangés  n’étaient pas sans rappeler les idées que The Economist devaient développer deux semaines plus tard.

Je n’aurais pas pu avoir ce type de discussion avec mes élèves. Mon principal souci est d’ailleurs de les intéresser à leur propre métier ! Alors, m’entretenir avec eux de l’avenir du monde, pensez-donc…

Les étudiants anglo-saxons sont formés à diriger le monde, les français à être de « grands commis », des exécutants ?

samedi 19 janvier 2013

Le porno, expression idéale du libéralisme ?

Un sociologue a étudié l’industrie du porno. Il en parle à France culture.

Ce ne serait pas ce que l’on croit. Sorte de no man’s land dont l’Etat ne veut pas entendre parler, le porno est, de ce fait, un espace de liberté, qui pourrait préfigurer le monde déréglementé que le libéralisme appelle de ses vœux. Là, pas de réglementation du travail ou de droit des intermittents du spectacle.

Tout d’abord, contrairement au taylorisme déshumanisant de McDo, le porno permet l’expression individuelle. Ses petits entrepreneurs appliquent d’ailleurs les meilleures pratiques des livres de management. Leur « mission » ? Satisfaire nos fantasmes. Ce qui demande, au préalable, de les connaître. Mais, en dernière analyse, le porno c’est peut-être surtout un moyen de réacquérir une dignité pour certaines victimes de notre société bienpensante.

La Grèce et le changement

Lucien Jerphagnon décrit des penseurs grecs présocratiques rendus perplexes par la cohabitation d’un mouvement, confus, d’une évolution permanente, d’apparitions et de disparitions, avec une sorte de vérité immanente, et immobile, l’Etre.

Héraclite voyait le monde comme un mouvement perpétuel, « combat (polémos) sans trêve des contraires ». Pythagore croyait en un « Un primordial », dont tout découlait. Selon lui, « toute chose a son nombre, et qui possède la science des nombres détient le secret ultime des choses. » Quant à Parménide, il voulait « passer du monde quotidien, à la vraie réalité. » Pour prendre quelques exemples.

Tout ceci ne paraît pas avoir été totalement couronné de succès : « la plénitude et l’unité de l’Etre ne se peuvent définir qu’en affirmant qu’ « il est ». Quant à la multiplicité, autrement dit tout ce qui bouge, tout ce qui devient, elle n’est pas l’Etre. Tout cela constitue autant de non-êtres dont on parle sans savoir, à tort et à travers, car ils sont quand même là. »
(JERPHAGNON, Lucien, Histoire de la pensée, tome 1, Tallandier, 1989.)

vendredi 18 janvier 2013

Changement : comment communiquer ?

Mes étudiants me disent que mes théories sont belles et bonnes, mais qu’il y aura toujours des résistances au changement. Il est impossible qu’il n’y ait pas des gens bouchés, ou dont les intérêts s'y opposent. Il faudra les contraindre, c'est sûr. Les entreprises sont d’accord. Elles attribuent souvent l’échec du changement à un manque de pédagogie. D’ailleurs, elles emploient de plus en plus de coachs comme assistance psychologique au changement.

Tout ce monde a raison. Si le changement doit être compris pour réussir, il y a risque d’échec. Et c’est pour cela qu’une communication qui se veut pédagogique est un signe certain du fiasco.
La communication doit être un ordre dénué d’ambigüité. Pour qu’elle soit cela, celui qui mène le changement doit comprendre ceux qui vont le mettre en œuvre. Alors, il formulera son message d’une façon qui ne leur demande pas de le comprendre !

Règle : c’est à celui qui mène le changement de « comprendre », pas à ceux qui doivent le mettre en œuvre. 

jeudi 17 janvier 2013

Rendement décroissant de l'innovation mondiale


L’ère de l’innovation serait-elle finie ? se demande The Economist. L’édito et l’article spécial qui lui correspond ne disent pas la même chose. Le premier, curieusement pour un journal libéral, donne un rôle formidable à l’Etat : « Pour les gouvernements qui font bien ces choses – ne pas gêner les entrepreneurs, réformer leur secteur public, et investir sagement – les bénéfices peuvent être énormes. » L’article spécial, présente un panorama beaucoup plus complexe de la question. Tout d’abord, oui, notre type d’innovation ne semble pas aussi radical et il ne se traduit pas en une croissance aussi nette que par le passé. Par exemple, l’espérance de vie a peu progressé depuis les années 80 en dépit des investissements énormes de l’industrie pharmaceutique. Peut être que la globalisation n’a pas aidé : la mise à disposition d’une main d’œuvre peu payée n’a pas favorisé l’innovation. Mais attention. L’innovation tend à demander du temps pour se manifester, sa progression est exponentielle. Peut-être que les technologies de l’information vont brutalement déboucher sur des applications révolutionnaires. Mais, arrive alors une conclusion inattendue : ce nouveau type d’innovation produirait un « chômage technologique ». « De tels progrès de productivité devraient apporter une énorme amélioration de nos conditions de vie. Cependant, la période d’ajustement pourrait être difficile. Finalement, le risque principal que courent les économies avancées n’est pas un rythme d’innovation trop lent, mais que leurs institutions soient devenues trop rigides pour s’adapter à des changements réellement révolutionnaires. »
Si l’innovation doit priver une partie de l’humanité de travail peut-être faudrait-il s’interroger sur son utilité, non ?
Un autre article éclaire curieusement cette question. Les enfants américains seraient équipés de capteurs, de façon à ne jamais les perdre des yeux. Une manière de les préparer à un Etat policier ? se demandent certains. 

Les caractéristiques émergentes du dirigeant

En 30 ans d’existence professionnelle, il me semble avoir vu apparaître un nouveau type de dirigeant. Et cela dans tous les domaines : entreprise, politique, fonction publique. J'ai même assisté à sa prise de pouvoir. Une tentative de présentation de ses caractéristiques.

Le haut fonctionnaire
Le dirigeant d’antan était un gros diplômé de type haut fonctionnaire. Il avait une caractéristique que les psychologues ont trouvé chez l’homme (trop) rationnel : l’incapacité à décider. Mais peut-être n’était-ce pas son rôle ? Il était supposé appliquer les ordres de l’Etat ? C’était un technocrate.

Émergence du dirigeant nouveau
Un nouveau dirigeant a émergé des profondeurs, poussé en grande partie par une sorte de ressentiment. 
Il a fait des études. Mais le système ne l’a pas jugé digne de rejoindre l’élite. On s’attendait à ce qu’il intériorise le mépris que l’on avait de lui. Il s'est jugé victime d'une injustice. Il s'est même dit qu'il détenait la vérité, qu’il devait l’imposer à une complexité incompréhensible, et donc inutile.
Ne pouvant emprunter les voies ordinaires de l’ascension sociale, il a pris des chemins de traverse. Sa force ? Ses faiblesses ! D’une part l’élite sous-estime son petit CV, et pense pouvoir le manipuler pour nuire à ses ennemis, d’autre part, n’étant pas encombré par la rigueur intellectuelle, il produit des idées trompeusement séduisantes. Il est aussi proche de l’idéal américain : focalisé sur un objectif très étroit, pour lequel il donnerait sa vie, il a une énorme énergie, et une capacité de leadership et de décision remarquable.
Nicolas Sarkozy est une forme d’idéal type de ce nouveau dirigeant.

Un esprit non systémique
On a dit de Nicolas Sarkozy qu’il était un Jacques Chirac en sueur. Il est possible qu’il en soit de même de cette nouvelle race de dirigeants. Elle a foi en son énergie : « qui veut peut ». Elle ne comprend pas que le monde est « complexe ». Elle prend toute résistance pour de la mauvaise volonté. Intuitivement, elle est convaincue de la justesse des hypothèses du modèle libéral anglo-saxon.
Quel sera son avenir ? Va-t-elle s'adapter ? Couler avec nos navires ? Laisser la place à un autre type de dirigeant ?

mercredi 16 janvier 2013

Changer la France, sans effort

L’université est-elle le miroir de la France ? Les salaires des enseignants tendent à s’aligner sur ceux de leurs équivalents américains. Or, les écarts sont colossaux. Cette inflation est incompatible avec un enseignement gratuit. Il me semble aussi voir cette même inflation dans l’entreprise. Les salaires des managers supérieurs n’ont-ils pas beaucoup progressé depuis 30 ans ? Alors, et si notre crise actuelle venait d’un conflit entre le modèle social anglo-saxon qui cherche à s’imposer et nos valeurs traditionnelles ?

La grande transformation
Le modèle anglo-saxon ressemble à celui qu’avaient en tête les Allemands d’avant guerre lorsqu’ils parlaient de « civilisation » : des individus liés par des contrats. Un modèle « a social », qui va main dans la main avec l'économie de marché. 
Ce modèle est une utopie : il disloque les structures sociales nécessaires à l'homme. (Même les élites anglo-saxonnes ne se l’appliquent pas.) C'est pour cela qu’il suscite de plus en plus de mouvements de rejet, partout dans le monde.  

Changement à effet de levier
Face à ce changement, nos gouvernants ont réagi par la révolution culturelle. Les noyaux durs de M.Balladur voulaient un capitalisme à l’allemande. Mme Aubry et ses 35h en appelaient au rite des acquis sociaux. M.Sarkozy désirait probablement imposer le modèle anglo-saxon, victorieux, par la méthode Thatcher. Maintenant on rêve du Mittlestand allemand.
Mais avaient-ils bien compris les Chinois ? Les Chinois combattent l’influence étrangère, incompatible avec leur culture, en s’appuyant sur cette dernière, mais en utilisant les armes de la première. (Avec plus ou moins de bonheur.)
C’est une forme d’effet de levier systémique. Faire le contraire de ce que nous faisons. Autrement dit, cesser d’avoir honte d’être français. C’est ainsi que l’on retrouvera la motivation et les ressources de se remettre en piste.

Paix perpétuelle
Ce n’est pas un appel au nationalisme. Pour bien utiliser nos forces, nous devons comprendre les règles du jeu mondial. C’est ce que l’Allemagne de la seconde guerre mondiale n’a pas réussi. Elle a voulu imposer sa culture au monde. Ou, du moins, lui faire une place de choix, par la force. (D’ailleurs, était-ce sa culture, ou une culture fantasmée ?)
Il ne faut pas s’arrêter là. Le rejet du modèle anglo-saxon, confondu avec celui de l’Occident, est lourd de conflits et de repli identitaire. Pour éviter un âge des ténèbres, il faut, probablement, en appeler à la paix perpétuelle de Kant. C'est-à-dire, faire un monde où l’on ne cherche pas à détruire ce qui est différent, mais à s’en enrichir. Pour cela, il faut peut-être arriver à une forme de dialogue entre cultures, en étayant celles qui ont le dessous, et en endiguant les autres.

mardi 15 janvier 2013

La femme est l’avenir du capitalisme

Se rend-on compte de l'importance de la femme ? Une femme éduquée et qui travaille, c’est la fin de la société traditionnelle. Car elle en est le pivot. Soudainement, tout un monde d'échanges informels bascule dans l’économie. Tout devient argent (cf. le bidonville kenyan de L'espèce humaine et ses mystères...). Ce sont des milliards de clients en plus. Mieux, c’est le retour au meilleur temps du marxisme : un afflux de travailleurs fait exploser les structures sociales. Celles qui permettent aux hommes d’être des hommes.

Trente nouvelles années de croissance et de bonus. Étonnant effet de levier : une idée, l'égalité des sexes, qui fait la fortune d’entreprises, qui n’en paient pas les conséquences. Et qui ne se l'applique pas.

Bref, si les militants des droits de l’homme sont des êtres responsables, ils feraient bien de pallier les conséquences de leurs idées ? En faisant financer par l'entreprise les changements qu'ils recommandent ?

lundi 14 janvier 2013

Hollande, guerre et gays

Je me penche sur la pensée de Hannah Arendt, actuellement. Je me demande si elle ne s’applique pas à François Hollande.

De même que je dis que j’écris ce blog pour savoir pourquoi je l’écris, Hannah Arendt semble penser que l’identité de l’homme se définit dans l’action. C’est a posteriori, en regardant le cours de notre vie, que l’on saura qui nous étions.

François Hollande est confronté à des événements qui mettent en cause les principes auxquels il tient : à savoir l’égalité et l’anticolonialisme. Or, le « mariage pour tous » semble toucherquelque chose de profond chez beaucoup de ses administrés, va-t-il aller contre ceux qu’il représente ?, et il s’est engagé dans une guerre au Mali.

Changement : une étude de marché

Depuis mon dernier livre, j’ai creusé la question du changement, en allant au-delà de la technique et en regardant les changements qui modèlent notre histoire, et la conception qu’en avaient les différentes civilisations. J’ai découvert que le changement, au sens de ma définition, était une problématique centrale à la fois de la pensée humaine et de la science. Maurice Godelier en fait même le propre de notre espèce (modifier les règles qui gouvernent nos comportements collectifs).

J’espérais ainsi avoir des arguments pour convaincre la France de se pencher sur le sujet. Mais j’ai surtout compris qu’il y avait chez nous un blocage vis-à-vis de tout ce qui concerne l’entreprise. Et surtout qu'un groupe influent proche de l'ancien gouvernement avait conçu « changement » comme une application littérale des méthodes Thatcher. Or, leur rôle est de détruire « l’ennemi » (conçu comme forces rétrogrades, malheureusement nous sommes tous « rétrogrades » par certains côtés). Pas de régénérer la société.

Bref, changement à une connotation effroyable ! Et ma vision humaniste (mais scientifique) de la question n’a pas de marché en France. (Ou un marché étroit.)

Mariage pour tous : guerre de religion ?

Le mariage pour tous me laissait indifférent. Il me semblait que nous étions confrontés à nettement plus grave. D'ailleurs, on n'arrête pas de me dire que ça ne changera rien, sinon en termes symboliques.

Mais le bruit m'a sorti de ma torpeur. Avec une curieuse idée. Et si la raison d'être de cette mesure n'était autre qu'un défi aux valeurs d'une partie de la France. Une forme de malheur au vaincu (des élections) ? J'avais déjà lu comme cela la façon dont M.Sarkozy a mené la réforme des retraites.

Nouvel avatar des guerres de religion ? Votez Henri IV ?

dimanche 13 janvier 2013

Conception française du changement

Je n’aurais jamais rêvé d’un tel exemple. Informations de midi trente, France culture. Un journaliste interviewe un élu, socialiste et marseillais. Il est question des foules qui se massent à Paris contre le « mariage pour tous ». Le journaliste demande au politique si le gouvernement a fait suffisamment de pédagogie. A quoi il est répondu que la pédagogie est faite. La mesure était dans le programme électoral de notre président.

On a ici deux aspects de la vision que la culture française a de la conduite changement.
1) Il faut expliquer patiemment au Français ce qui est le bien. Avec ses seules capacités, il n'y parviendra pas. (Quant au bien il tombe tout cuit dans la tête de celui que Dieu a choisi.)
2) Je suis le chef, je décide, tu obéis. Le débat démocratique ? C’est mettre un bulletin dans une urne tous les 5 ans. C'est cette définition qui nous correspond le mieux. Elle n'est jamais aussi bien exprimée que par un homme de gauche. 

Quelle formation choisir ?

Les enfants de mes proches arrivent à l’âge des études supérieures. Ils s’interrogent. Quelques idées, en vrac :
  • Le monde est en plein changement et il est difficile de savoir à quoi il ressemblera demain. Point essentiel.
  • La France est une sorte de Grèce. Elle n’est plus grand-chose, elle s’entredéchire, et elle s’offre divisée et hurlant ses faiblesses à la haine des pays étrangers, qui, eux, poussent leur intérêt. Ce qui encouragerait à rechercher une formation internationale, pour éviter le naufrage national. Mais, en même temps, il est probable que les différentes parties du monde vont se replier sur elles-mêmes. Ce qui ne sera pas très bon pour les ex élites globalisées, imbues d’une supériorité que rien ne justifie.
  • La France a longtemps cru à l’excellence de ses grandes écoles. Ce n’est plus le cas. En outre, elles demandent généralement de passer par une phase de préparation, qui est un abrutissement. De plus, elles ne préparent pas à un métier. Elles n’apprennent rien. Elles sélectionnent sur la capacité à l’abstraction, et placent ensuite dans une entreprise, supposée former la personne. Les universités anglo-saxonnes, par contraste, recherchent l’épanouissement de l’individu. A noter que les bons chercheurs y sont extrêmement bien payés.
  • En termes d’épanouissement, l’entreprise ne me semble pas le fournir. D’un côté se trouve une classe d’oligarques, très riches, mais qui passe sa vie au travail, à faire de la politique, de l’autre des perdants, licenciables à merci. La fonction publique est devenue pire que tout. La protection qu’offre son statut est un véritable piège, ses employés étant prêts à toutes les ignominies pour ne pas la perdre. A côté de cela, il y a des indépendants, des professions libérales. Mais rien n’y est certain. Globalement, la France est devenue un panier de crabes, où chacun défend ses intérêts catégoriels, au détriment de l’intérêt général, et, pire, en le faisant petitement.
En résumé, j’aurais tendance à penser qu’il faut chercher une formation qui permette de s’adapter, pas une planque qui transforme en dinosaure.
  • Peut-être faudrait-il regarder vers l’étranger ? Il y a l’université anglo-saxonne reconnue universellement. Il y a aussi l’Allemagne, qui va connaître un problème démographique, et où, traditionnellement, on fait bien son travail, et on paie bien les bons employés.
  • Les formations anglo-saxonnes sont très chères. Mais le Canada a de bonnes universités, qui font des prix aux Français, et qui permettent aux meilleurs élèves d’aller ensuite dans les meilleures universités américaines (s’ils sont excellents, leur formation est payée). Il est aussi possible de choisir des écoles de commerce ou d’ingénieur, en France, avec préparation intégrée, de partir à l’étranger en cours d’études, et de poursuivre sa formation là-bas.
  • Enfin, il faut se méfier des formations les plus prestigieuses ou des métiers qui attirent beaucoup de monde. Elles reflètent généralement des modes sans lendemain. Il peut être malin de viser une « niche » ayant peu de spécialistes. Car ils seront très demandés. Je pense que parler couramment (pas baragouiner) au moins deux langues peut être un avantage décisif. Les entreprises d’une nationalité ont besoin de gens qui leur ressemblent, mais qui connaissent d’autres cultures. Et la France demeurera toujours un marché important et compliqué à pénétrer par les étrangers, du fait de sa culture.
  • Il faudra aussi se constituer des réseaux d’entraide. Comme dans tout changement. 

samedi 12 janvier 2013

Contre Big data ?

Depuis que je travaille, je suis soumis à un bombardement incessant de modes de management. Mon premier employeur, dont c’était la passion, les consultants, dont c’est le métier, et aussi MBA, Bulle Internet… J’ai fini par être immunisé. Si bien que la dernière mode du Big data rebondit sur mon indifférence depuis pas mal de temps.Mais ai-je raison ?

Au delà du phénomène réseau social, j’ai fini par me demander si Big data n’ambitionne pas de mettre des capteurs partout, en particulier sur nous. Cela ne permettrait-il pas de prévenir plutôt que guérir ? Par exemple éviter une attaque cardiaque ?

Encore faut-il pouvoir interpréter le flux de données. Surtout, ce qui m’inquiète, est que cela ne fait que renforcer une tendance fâcheuse. Les médecins, notamment, ne savent plus rien faire, sinon demander des examens et prescrire suivant une procédure. Plus d’expérience, plus d’apprentissage, plus de responsabilité. Les données et les ordinateurs peuvent-ils remplacer les capacités exceptionnelles de l’homme ? Big data ne serait-il pas, plus généralement, une tentative (folle ?) de liquider l’homme ?  

VW über alles?

La part de marché de Vokswagen, en Europe, est passée de 18 à 24% en 7 ans. Et VW va investir 50md€ sur trois ans pour améliorer sa gamme et son outil de production. Ce qui signifier qu'elle veut donner le coup de grâce à ses concurrents européens. (Source : FT.)

Les dirigeants de Peugeot vont devoir, vite, se souvenir qu'impossible n'est pas français...

vendredi 11 janvier 2013

France musique en grève

Depuis quelques temps, France Musique est en grève. Apparemment pour protester contre la mutation de quatre personnes. Du coup, il y a plus de musique, et moins de paroles. Ce qui n'est pas mal, au fond.

Cette grève est un paradoxe auquel je n'ai pas trouvé d'explication. La France compte des millions de gens au chômage, et pas mal de personnes qui doivent accepter des conditions de travail, et de vie, difficiles pour ne pas y être. Comment interpréter l'annonce de France Musique dans ces conditions ? Est-elle l'émanation d'agents provocateurs qui veulent discréditer le service public ? Au contraire, le service public est-il peuplé d'extraterrestres ? Ou, encore, veut-il nous rappeler, comme les nobles de l'Ancien Régime, qu'il n'a qu'un seul maître, son bon plaisir ?... Mystérieux.

La stratégie comme propriété émergente

J’ai un différend avec les spécialistes de stratégie. Je viens de comprendre en quoi il consiste.
  • Le consultant en stratégie est une personne qui est intimement convaincue que la prospérité de l'entreprise est entre les mains de son patron. S’il a la bonne idée, c’est gagné.
  • Mon travail est tout autre. Je cherche à transformer l’entreprise en équipe. Quand sa cohésion est assurée, miraculeusement, elle conçoit des stratégies qui vont au-delà de ce que tout intellect individuel pourrait créer. Et elle sait immédiatement les mettre en œuvre. La stratégie est une propriété émergente, comme l’intelligence ?

jeudi 10 janvier 2013

La France et le mal anglais

Parmi les réhabilitations inattendues, celle de Mme Thatcher. Premier frémissement : billet sur Siegmund Warburg. Il laissait entendre que seule Mme Thatcher était parvenue à secouer la paralysie anglaise. Et voilà que je viens de rencontrer quelqu’un qui a vécu dans les années 60 en Angleterre, et qui confirme un blocage total. La faute des syndicats. Certes, Mme Thatcher a causé des dégâts irréparables, mais, dans ces conditions, il était difficile de faire dans la dentelle, me dit, en substance, mon interlocuteur.

Une autre personne m'a raconté que notre gouvernement a décidé de réformer les IUT. Du fait d’une sélection à l’entrée, ils ne recruteraient pas les élèves qui sortent des formations professionnelles, et les étudiants y seraient mieux traités qu’en université (environ 2 professeurs par élève contre 7 ou 8 à l’université). Il s’agirait de corriger ces inégalités. Et les grandes écoles ? Apparemment rien de prévu. Parce que les réformateurs y ont leurs enfants ? La fabrique du crétin ?

La France serait-elle atteinte du mal anglais ? Une gauche qui défend des intérêts catégoriels et paralyse toute évolution, une droite qui traite le mal par le feu ?

Henri Bouquin

Mardi soir, Dauphine commémorait Henri Bouquin. L’événement était organisé par Catherine Kuszla. Voici ce que j’en retiens.
Un souvenir personnel, auparavant. A l’époque où j’ai rencontré Henri Bouquin, j’avais rédigé une quarantaine de pages sur mon expérience du changement. Et ce qu’en disaient les auteurs de la littérature anglo-saxonne du management. Je travaillais alors avec un haut fonctionnaire devenu homme d’entreprise, esprit brillant. Il me dit qu’il connaissait quelqu’un que mon papier intéresserait sûrement. Une curieuse personne, comme en génère parfois notre université, qui comprenait mieux l’entreprise que ceux qui y travaillent, mais sans y avoir jamais mis les pieds. C’était Henri Bouquin.

Je l’ai donc rencontré. Il m’a écouté. Et m’a posé une seule question. Est-ce que, par hasard, mon travail ne se rattacherait pas à tel universitaire américain ? Non seulement je n’avais rencontré personne jusque là qui connaisse quoi que ce soit aux travaux que je citais, mais il avait effectivement trouvé l’auteur dont les conclusions rejoignaient les miennes.

Tout Henri Bouquin était là. Je l’ai retrouvé au travers des témoignages qui se sont succédé. Un homme discret et pudique, à l’œil malicieux, un esprit élégant et vif, avec l’art du mot juste. Il avait tout lu, et il savait écouter. Une sorte d’intelligence à l’état pur.

Henri Bouquin a, d’une certaine façon, inventé le contrôle de gestion moderne. Il l’a conduit des obscurités de la comptabilité aux sommets du management. Et au-delà. Car il en a fait une discipline intellectuelle, au sens noble du terme. Avec lui le dirigeant devient le philosophe de la cité de Platon. Pour cela, il a synthétisé, avec un talent littéraire rare, les travaux qui portaient de près ou de loin sur son sujet. De la finance à la cybernétique, en passant par les sciences humaines.

Ses anciens étudiants ont rappelé l’expérience déconcertante qu’était l’écriture d’une thèse sous sa direction. Car, justement, il n’y avait pas de direction. Il les laissait totalement, et étonnamment, libres. Ce qu’il recherchait, c’était le trait de génie, l’intuition unique, l’idée qu’il n’avait pas. Totale liberté ? Ne créait-il pas les conditions qui permettaient à leur talent de s'exprimer ? Et si sa définition de contrôle de gestion était ici ? Le contrôle de gestion comme humanisme ?

Comment se fait-il, dans ces conditions, que l’on ne parle pas plus de lui ? Parce qu’il n’écrivait pas en américain. A défaut d’avoir publié dans le monde anglo-saxon, et donc d’être reconnu en France, Henri Bouquin a fait l’admiration de l’université allemande et japonaise. Mais, dans un monde de boutiquiers, cela n’a pas d’importance.

mercredi 9 janvier 2013

Contre histoire de la philosophie grecque

Je me demandais quelle était l’opinion des anciens Grecs sur le changement. Mais, en lisant, l’Histoire de la pensée de Lucien Jerphagnon, l’envie de raconter l’histoire suivante m’est venue. Attention : elle n’a rien de scientifique et va à l’exact envers du message de l’auteur : la pensée grecque doit être replacée dans sa culture.

L'histoire de la philosophie racontée par un ignare
Les philosophes modernes ont-ils innové ? Les philosophes grecs me semblent avoir tout dit. La philosophie grecque n’est-elle pas une sorte de Bible, d’ailleurs ? Les fondements écrits d’une forme de religion ? Celle de la raison ?

A l’origine, il y a le mythe. Peut-être parce que le mythe va avec une société tribale. Puis les 7 sages, qui sont en fait des organisateurs, des bâtisseurs. La raison apparaît avec la cité ? En conséquence, la perception du monde par le Grec se transforme : du chaos, elle passe au cosmos. La philosophie présocratique culmine avec les sophistes. Comme nos libéraux, ils mettent la raison au service de l’intérêt individuel. La fin justifie les moyens. Sous la force centrifuge de l’intérêt individuel la cité grecque explose. Socrate, Platon et Aristote seront les penseurs de la décadence, des Proust du 5ème avant JC. Socrate, curieusement, ressemble beaucoup à Jésus-Christ. Il met sa société en face de son hypocrisie. Et sa mort est une leçon : il fait passer son intérêt personnel après celui de la société. Prenant le contre-pied de la pensée libérale, Platon veut construire l’édifice social idéal. C’est le champion de la raison pure. Ou le prototype de l’intellectuel totalitaire, qui croit trouver les lois naturelles dans sa tête et nous les imposer ? Père, aussi, des bureaucrates ? En tout cas, sa cité idéale est à l’inverse de la nôtre : les professions libérales et leurs appétits sont tout en bas de la pyramide sociale. Survient alors Aristote, champion de la raison pratique, une sorte de Kant avant l’heure. Le patron des scientifiques. Mais c’est trop tard. La Grèce ne compte plus. Ne pouvant plus agir sur les événements, sa philosophie va aider l’homme à les subir. En fonction de leur caractère, les Grecs choisiront de se contenter de peu, de vivre cachés, ou de se réjouir de leurs malheurs, autrement dit, ils seront sceptiques, épicuriens ou stoïques.

C’est alors que commence l’âge d’or de la Grèce. Rome va lui apporter sa protection, la délivrer de son irresponsabilité, acheter sa culture à prix d’or, et fournir des emplois à ses penseurs. La philosophie, bien de consommation pour parvenus ? Elle devient surtout une justification rassurante de l’édifice social. La philosophie aurait-elle été plus un opium qu’une boussole ?

Le déclin de l'Empire américain
Il est aussi tentant de croire que les USA ont repris le rôle de Rome, pragmatique et inculte, et l’Europe de la Grèce, irresponsable et raffinée. Mais notre Rome moderne paraît vacillante. Comme la première, elle est peut-être arrivée au bout d’un modèle de développement qui repose sur l’exploitation de son environnement. Quant à la raison et la science, elles paraissent toujours aussi incapables de guider nos décisions. Quelle forme pourraient prendre les invasions barbares ? Retour du moyen-âge et du mythe ? 

mardi 8 janvier 2013

Financement du film français : le potentat se rebiffe ?

France Culture ce matin. Chronique portant sur le système de financement du cinéma français, qui favoriserait ceux qui sont en position de force.Sont présents, Robert Guédiguian et Michel Azanavicius, qui me semblent, à tort ou à raison, être ce qu’il y a de plus à gauche dans le cinéma français.

A mon grand étonnement, ils ont été extrêmement désagréables avec le camarade chroniqueur (bien qu'ils se soient retenus de l'insulter). Je les ai entendus dire, en substance, ceci. Pour le premier, que notre système de subvention est juste parce qu’il ne demande rien à l’Etat (en fait, il prélève 10% du prix du billet de cinéma…). Le second s’est plaint que la France veut réduire les inégalités en faisant payer les riches plutôt qu’en améliorant le sort des pauvres (a-t-il entendu parler de « compétitivité » ?) Mais où sont les beaux principes de leurs films ? Seraient-ils à raison lucrative, uniquement ?

Décidément, le Français a le cœur à gauche et le portefeuille à droite ?

(Apparemment peu de films seraient rentables, et ceux qui le seraient n'auraient ni stars, ni gros budgets...)

La société idéale selon The Economist

Quelque chose m’a toujours frappé dans The Economist : la publicité que l’on y trouve. Elle décrit la façon dont ses lecteurs conçoivent le monde.

L'étonnant n’est pas tellement que l’on y vende des propriétés qui ont une dizaine de salles de bains (dans une métropole). C’est plutôt l’image de la famille qu’elle donne. La femme est au foyer. Elle est très belle, mais bête. On propose de l’assurer : que fera-t-elle si le chef de famille vient à disparaître ? Quant au fils, il héritera de son père, qui « construit une dynastie » (et lui lègue sa montre).

Tout ceci dans une culture bobo bling-bling. Publicité pour montres, sacs Vuitton et palaces sans âme, généralement faite par des artistes de gauche, représentés dans la nature sauvage. Car le riche a quelque chose que nous n’avons pas. Il se voit bohème. Il se donne les moyens de réaliser ses rêves, par exemple de passer une nuit dans (ce qui reste de) la canopée amazonienne.

C’est fascinant. Les valeurs des lecteurs de The Economist sont exactement celles que le journal veut détruire chez les autres : la femme au foyer, l’héritier, l’oisiveté, la nature vierge… Le plus curieux est peut être la publicité de la canopée : le riche rêve de la vie de ceux qu'il sacrifie à sa fortune. 

lundi 7 janvier 2013

Vive l’Irlande, honte à l’Amérique, l’Europe et au Japon…

The Economist en veut aux politiques américains qui règlent les problèmes financiers de leur nation à l’européenne, en les repoussant à plus tard. « Pourquoi les pays en développement devraient-ils faire confiance au leadership américain, quand il semble incapable de résoudre quoi que ce soit chez lui ? Et pendant que la démocratie occidentale par excellence est paralysée, la Chine décide, et avance. » Il désire aussi que l’Europe aide l’Irlande à rembourser ses dettes. Argumentation curieuse, car l’Irlande ne semble pas sans ressources : « les entreprises étrangères continuent à préférer le pays comme plaque tournante de fabrication et de service pour les marchés internationaux, en grande partie du fait de son faible taux d’imposition. » « Une fois que la grosse part de PIB qui va aux multinationales étrangères peu imposées est prise en compte, (la dette publique) atteint presque 140%. » Pourquoi ne pas augmenter les impôts des entreprises étrangères ?

Le Japon devient révisionniste. Danger d’un conflit avec la Chine ou la Corée ? Rejet de l’influence occidentale ? (Bien que le Japon semble compter plus que jamais sur les USA pour le défendre.) Gérard Depardieu fait de la publicité à son pays, ainsi que, en ce qui concerne le leur, les ministres grecs, qui auraient falsifié une liste d’évadés fiscaux. Les salafistes pourraient prendre la direction de l’Egypte.

La climatisation favoriserait la productivité, attirerait du monde là où les conditions climatiques ne sont pas favorables à l’homme. Mais elle consommerait beaucoup (8% de l’énergie des ménages aux USA), d’autant qu’elle se généralise. Apparemment, des habitations conçues différemment des nôtres n’en auraient pas besoin. (Ce qui transférerait des revenus des pays producteurs d’énergie vers des emplois locaux ?) Toujours est-il que l’Europe brûle de plus en plus de charbon. Les producteurs américains, concurrencés par le gaz de schiste, nous exportent leur charbon. Il est moins cher que le gaz. Et la politique d’énergie propre de Mme Merkel aurait la conséquence inattendue de favoriser le charbon au détriment du gaz…

On construit beaucoup de métros. Ce qui est bon pour Bombardier, Siemens et Alsthom. L’enveloppe du riz contiendrait de la silice qui, dans un pneu, lui permettrait de réduire sa résistance au roulement…

Enfin, la vie des primitifs serait plus saine que la nôtre. Pas d’attaques cardiaques, et absence de beaucoup de cancers. Peut-être surtout une vie sociale plus amicale que chez nous, les enfants, par exemple, seraient élevés par la communauté. Mais le primitif meurt jeune.  

Le monde a-t-il un avenir ?

Un ami me demande si mon blog s’intéresse à l’avenir du monde. Je lui ai dit que deux scénarios m’intriguaient.
  • L’humanité a fait beaucoup de choses en très peu de temps. Notre variante d’homo remonte à quelques dizaines de milliers d’années, l’agriculture à 10.000 ans, et ensuite tout n’a pas cessé d’accélérer. Vu le tour que prennent les événements, il est difficile d’imaginer qu’ils puissent continuer à ce train pendant des millions d’années. Tout pourrait donc se terminer vite et bien.
  • La théorie du chaos suggère une autre idée. Notre développement accéléré est peut être une forme « d’émergence ». L’espèce humaine est une innovation, qui me semble résider dans sa capacité à construire une société, via la raison. Cette innovation va au bout de son potentiel, en couvrant l’espace. Jusqu’à ce qu’elle atteigne un équilibre.
Un curieux texte sur ces sujets : La société contre l’homme.

dimanche 6 janvier 2013

Sarkozy : Thatcher honteux ?

Les changements de l’université mériteraient une enquête. Quelques idées inattendues récoltées au hasard des rencontres :

Notre ancien gouvernement aurait-il voulu en faire un bagne ? On y aurait abandonné les étudiants aux mains de réprouvés (= mauvais chercheurs), condamnés à faire deux fois plus de cours qu’aujourd’hui. C’aurait été une partie d’un plan d’économie drastique avec réduction des postes (à élèves constants) et fusion d’universités non fusionnables. Et tout ceci mené en force, sans prise en compte des réalités pratiques, ou des lois de la physique.

La recherche devait devenir excellente. Elle aurait, elle aussi, été restructurée, encadrée par allocation de crédit et orientée vers ce qui compte vraiment pour l’avenir de l’humanité : le classement de Shanghai et les besoins de l’économie.

Les universitaires ont peut être été malmenés, ce n’est pas pour autant qu’ils seraient des victimes. Car leur comportement ne serait pas très reluisant. L’université serait un monde de réseaux, non de mérite, qui, bien loin de ses nobles sentiments progressistes, serait incapable d’apporter une « éducation » à l’étudiant, en perdition. La bien pensance y aurait atteint les sommets du « terrorisme intellectuel ».

Et maintenant ? Le gouvernement aurait confié le dossier à une politique... Magouilles as usual ?

Un gouvernement méthodique
J'ai dit que N. Sarkozy était un apprenti sorcier du changement. J’ai eu tort. Tout ceci ressortit à une méthodologie de conduite du changement bien connue. Patrick Le Galès la décrit en ce qui concerne la réforme des régions. C’est ainsi que Mme Thatcher a transformé l’Angleterre, ses syndicats, ses collectivités locales, et son tissu économique peu compétitif. Cela ressemble aussi à ce que je comprends de la méthode France Télécom.

Cette technique a une double particularité. 1) C'est un moyen de démolition, non de changement. 2) Elle procède par enfermement de l'ennemi, en lui coupant les vivres. Se produit alors un effet curieux, quasiment auto-réalisateur : les misérables s’entretuent. 

Thatchérisme honteux ?
J’en arrive à une conclusion surprenante. Il y aurait eu un projet, dans certains cercles de pouvoir, de détruire, et non de réformer, une partie du pays. Nous avons été gouvernés par la haine. Malheureusement, dirait Machiavel, la haine n’est pas efficace. Les réformes Thatcher ont montré que la destruction n’est pas créatrice : une partie de l’Angleterre est devenue un désert économique, et on peut s’interroger sur la pérennité de ce qui semble avoir prospéré. L’Angleterre a liquidé son héritage, elle ne l’a pas régénéré.

Mais, Mme Thatcher a eu un mérite, et il est immense. Elle a eu du courage. Elle a dit clairement ce qu’elle allait faire. Chez nous, le projet a été tenu secret. Serions-nous un peuple  de lâches ? Et c’est peut être là qu’est le plus inquiétant. Il n’y a pas eu en France, comme en Angleterre de grève des mineurs. Ceux qui semblaient avoir tout à perdre de ces réformes n’ont pas protesté. Pourquoi ? Et si c’était parce que la France n’est que petites magouilles ? Et que faire trop de bruit aurait menacé de les dévoiler ? Syndrome DSK ?

Gérard Depardieu, le Français et le changement

Curieux. Je passe ma vie dans des changements, et je viens de découvrir qu’il fait perdre toute maîtrise de soi au Français. Qu’il devient odieux. Et encore, ce n’est qu’une découverte théorique.

Voici mon explication du phénomène. Michel Crozier dit que la structure de notre société nous protège les uns des autres. Lorsqu’elle disparaît, dans le changement, je crois que nous nous sentons soudainement tout nus et sans défense (probablement avec raison). Nous hurlons à la mort. D’où peut être la séduction de la manif : au moins nous ne sommes plus seuls.

Cela explique-t-il l’attitude de Gérard Depardieu ? Serait-ce pour cela qu’il trouve le pays du KGB démocratique par rapport au nôtre ? Serait-ce aussi pour cela qu’un grand patron à la retraite me mitraille de mails appelant à défiler, et à subvertir le gouvernement ?

En fait, il m'arrive de me faire traiter impoliment lors de mes missions. Mais c'est exceptionnel. Et j'interprète cela comme une frustration qui a besoin de s'exprimer pour pouvoir libérer la raison. Il est possible que si le phénomène n’intervient pas sur une échelle plus grande, c’est parce que j’apporte des méthodes qui encadrent le changement. Le changement devient alors une question de technique, de « schéma directeur ». Tout le monde y trouve un rôle et personne ne se sent menacé.

samedi 5 janvier 2013

Inde, viol et changement

Un effroyable viol secoue l’Inde. La réaction qu’il suscite serait-il un révélateur des transformations du pays ?

Le viol serait pratique courante en Inde, parce que la femme y est peu considérée. Mais aussi parce que l’évolution du pays fait qu’elle est maintenant amenée à sortir de chez elle, et que des masses de jeunes hommes à la recherche d’emplois sont jetés en ville. Et l’on manifeste aujourd’hui, parce que la victime est une étudiante, et qu’une classe moyenne a émergé, et qu’elle a les moyens de défendre ses intérêts.

Le statut de la femme va se transformer en Inde, probablement. La femme étant le pivot de l’édifice social, les bouleversements ne font que commencer. Peut-être serait-il une bonne idée de les anticiper, plutôt que de punir ceux qui les subissent ? 

Frustration du bienfaiteur français

Un dirigeant, un croisé de l’économie sociale dont parle un cas que je donne en cours, s’interroge « pourquoi dois-je me battre contre ceux pour qui je me bats ? » Cette interrogation revient souvent chez les gens avec qui je travaille. Dernièrement, chez un professeur d’université, et chez l’animateur bénévole d’un club d’anciens élèves.

J’en suis arrivé à la théorie de la culture clientéliste : dès que quelqu’un semble vouloir s’emparer d’un sujet, nous nous mettons mécaniquement en mode assisté. Mais cette explication n’est pas totalement satisfaisante. Car nous ne sommes pas qu’assistés, passifs, nous sommes surtout « contre ». Ce qui laisse parfois penser que le Français parasite son bienfaiteur.

Seconde théorie : étant passifs, nous n’aidons pas le bienfaiteur, du coup son travail est imparfait, et nous le critiquons. La France n’est-elle pas le pays des critiques (de film, de cinéma, de théâtre, de musique, de cuisine…) ?

Les Anglo-saxons ont une troisième théorie. La France est le pays de la médiocrité abjecte. Dès que quelqu’un semble vouloir s’élever, il est abattu. En effet, son succès aurait mis en évidence l’échec de ses semblables. Il leur aurait donné mauvaise conscience. 

vendredi 4 janvier 2013

Albert Hirschman

A l’occasion de son décès, j’ai découvert un économiste américain, Albert Hisrchman. En guise d’introduction à son œuvre, j’ai acheté Crossing boundaries.

Sa particularité ? Il a toujours été du côté des perdants. Juif allemand, il doit quitter son pays. Il continuera ses études en France (HEC), en Angleterre, puis en Italie. Il fera la guerre d’Espagne, aidera à évacuer les Juifs de France pendant la seconde guerre mondiale, et finira aux USA, professeur, après avoir joué un rôle important dans le plan Marshall. Une fois de plus, il est du mauvais côté : ses travaux montrent que la théorie économique « orthodoxe », celle de Hayek et des libéraux, est simpliste. Et ce, en grande partie parce qu’elle oublie la dimension sociale de l’existence. Ce que j’aperçois de ses idées :

Toute la théorie économique qui sous-tend l’action politique (et gouverne nos vies) repose sur l'hypothèse de la rationalité individuelle, le calcul. L’homme rationnel n’a aucun intérêt à l’action collective. Or, l’expérience quotidienne montre que nous éprouvons du plaisir à une telle action. Et que nous ne sommes pas toujours égoïstes. Le plan Marshall en est un exemple. Initialement, les USA s’imposent des clauses qui les handicapent au profit des pays européens. Mais c’est grâce à elles que l’Europe se redressera. Ce dont les USA seront un grand bénéficiaire. En outre, la passion est une dimension capitale de la vie humaine. Totalement absente de l’économie.

Il montre que l’économie, qui est une science de l’équilibre, aurait beaucoup à gagner à découvrir la dynamique, et la pratique. Il propose des solutions oscillantes à certains problèmes concrets. Et si elle s’était un tant soit peu intéressée à la société, elle aurait découvert la source de quelques effets imprévus. Par exemple, la commensalité n’est pas que consommation de nourriture. Elle crée un lien social. C’est peut-être ainsi qu’est née la démocratie grecque, mais aussi l’esprit de troupeau allemand. Dans son ouvrage le plus connu, il montre que, contrairement à ce que croit l’économiste, si l’on n’est pas content de quelque chose, on ne va pas forcément chercher ailleurs. On peut aussi tenter de le modifier (en protestant).

Il s’est intéressé au « possibilisme », c'est-à-dire à déterminer si tel ou tel avenir favorable, ou non, était possible. Et comment influer sur les événements pour aller dans la bonne direction. D’ailleurs, il note des exemples qui montrent que la planification peut réussir. Contrairement à ce que prétendait Hayek.

HIRSCHMAN, Albert O., Crossing Boundaries, Zone Books, 2001.

jeudi 3 janvier 2013

L'espèce humaine et ses mystères...

Numéro spécial de The Economist, qui se penche sur quelques questions curieuses :
  • L’Enfer. D’où vient-il, qu’est-il devenu ? L’enfer semble avoir été conçu pour des dieux. Avant d’être étendu à une espèce humaine qui ne trouve jamais de vengeance assez cruelle pour ses semblables. Puis de devenir individuel et intérieur. L’enfer serait-il l’expression culturelle de la haine de l’autre ?
  • Le Saint Empire Romain Germanique, a été l’UE avant l’UE. Avec quasiment tous les problèmes et les solutions trouvés par l’UE. On y était apparemment heureux. Pourquoi s’est-il disloqué ? Du fait de la montée des nationalismes (notamment de la Prusse). Peut-on en tirer un enseignement en ce qui nous concerne ?
  • Pourquoi des gens participent-ils à des courses de plus de deux cents km sous une chaleur suffocante ? Mystère de la construction de la motivation qui fournit un sens à notre existence.
  • Pourquoi les peuples s’égorgent-ils pour des questions obscures  de théologie ? Peut-être parce que leurs conséquences ne le sont pas. Si, par exemple, un homme peut être porteur de l’énergie divine, l’édifice social peut être mis en cause.
  • Bidonville au Kenya. Un million d’habitants. Tous entrepreneurs. Tout y est payant, on y est anonyme, et on y travaille nuit et jour. Mais c’est encore mieux qu’à la campagne… Miracle du capitalisme triomphant ?
  • A la Nouvelle Orléans, l’apartheid semble toujours de mise. Comme le montre ses défilés de Mardi gras.
  • Curieusement, les guerres d’Amérique du sud n’ont pas fait beaucoup de bruit. Pourtant, certaines ont été particulièrement sauvages. L’une d’entre-elles a failli rayer le Paraguay de la carte (1870).
  • Les îlots que se disputent la Chine et le Japon. A qui appartiennent-ils ? Leur sort dépendra probablement plus d’un rapport de force que d’une illusoire rationalité.
  • Magna de la presse japonaise (Matsutaro Shoriki). Journal, télévision, il a tout dominé. Il a même fait du base ball un sport national, et du Japon une puissance nucléaire. Ambition personnelle, nationalisme, volonté de modernisation en marche forcée… Réaction du Japon à sa rencontre avec l’Ouest ?
  • La Chine serait-elle devenue démocratique, si elle n’avait pas assassiné le président qu’elle s’était donné, en 1913 ? Je soupçonne qu’il est difficile pour un seul homme de transformer une culture…
  • Spéculation dans les années 1820, en Angleterre. Comme d’habitude, il y a de l’argent, mais pas de placement juteux. Ce fut le temps de grands escrocs. Dont un qui a inventé un pays. J’en retiens surtout que les bons escrocs croient ce qu’ils racontent, et tendent à profiter de liens de confiance sociaux. On n’arnaque bien que les siens ?
  • Pourquoi l’Inde ne parvient pas à construire l’infrastructure de transport dont aurait besoin son développement ? Pas uniquement pour des raisons de corruption. Mais parce que tout y est infiniment compliqué. Finalement, beaucoup de gens y ont énormément de pouvoir de nuisance. L’Inde aurait besoin des techniques dont parlent mes livres. A la puissance 10 !
  • J’ai appris que Gatsby le magnifique de Scott Fitzgerald était inspiré du Grand Meaulnes (Le Great de Great Gatsby étant une traduction du Grand de Grand Meaulnes).
Quant à la vie du monde :
  • The Economist vote Manuel Valls, réincarnation de Nicolas Sarkozy.
  • Les frères musulmans égyptiens mobilisent de moins en moins d’électeurs et vont devoir faire face à une crise économique. Leurs jours seraient-ils comptés ?
  • L’université américaine, en crise, innove. Elle tenterait de réinventer l’éducation à coup de nouvelles technologies (Massive Open Online Courses). L’université française, qui cherche désespérément à imiter le (précédent) modèle américain, aurait-elle une nouvelle guerre de retard ?
  • La globalisation serait en recul.
  • Et la main a été conçue pour nous donner des poings. Il s’est trouvé que c’était aussi pratique pour tenir des instruments. 

Eloge de la dette

Et si la solution de notre crise était dans la définition de « dette » ? SARTHOU-LAJUS, Nathalie, Eloge de la dette, PUF, 2012.

Notre crise n’est pas financière. Elle est celle de notre représentation du monde, fondée sur la fiction du « self made man » : l’individu ne doit rien à personne. Et les conséquences de ce déni de réalité sont effroyables. La dette financière est la moindre d’entre elles. Car l’individu a besoin de la société pour être. Il n’y a pas de libéralisme sans société. Il n’y a pas de liberté sans dette.

Ce livre est une exploration de la signification de « dette » par différentes cultures, proches de la nôtre. Dommage que l’on n’y parle pas de science (en dehors de la psychologie de Freud). Car elle explique que, dans le monde, tout est interdépendant. A vrai dire, je ne l’ai pas bien compris. Son intérêt est peut être plus dans les métaphores, travaux et idées qu’il cite que dans l’interprétation qu’il en donne. Parmi ce que j’en retire, et qui n’y est peut-être pas :
  • Pourquoi la religion catholique prohibe-t-elle l’intérêt ? (Le marchand de Venise.) Parce que le prêt est un don. Et don de son être, plus que d’un bien matériel ou de son corps. Mais il crée la potentialité d’un contre-don. C’est malin : non seulement on retrouve ce que l’on a donné, mais on s’est fait un ami, quelqu’un sur qui compter. « Intérêt » du prêt ? Mécanisme d’assurance ? Bien entendu cela signifie qu’il y ait sens du devoir. Prêter est un acte d’amour, de foi en l’autre. (Serait-ce pour cela que notre Etat providence est en faillite : ceux qu’il aide ne lui en sont pas reconnaissant ?)
  • Une question que je me suis posée : l’individu demande des décennies d’apprentissage social. Autrement dit, il ne peut pas être « libre » par son seul effort. Alors, l’insistance de certains libéraux à ne rien donner aux pauvres fait-elle de ces derniers des sous-hommes ? Les prive-t-elle d’une part de leur humanité ? (Les esclaves seraient-ils la contrepartie de la démocratie ?)
  • Ce livre m’a aussi montré Dom Juan de Molière sous un jour nouveau. Ce n’est pas l’histoire d’un séducteur. C’est celle d’un homme qui refuse de payer ses dettes à la société. C’est le précurseur des banquiers, et des oligarques modernes. Mais, notre nature même est l’emprunt : nous devrons rendre notre âme ! Surtout l’homme et la société sont en perpétuel devenir. Ce qui requiert l’entraide. Donc nouvelles dettes. Il se trouve aussi que nous créons des dettes que l'on ne nous paiera pas. Car nous faisons l'avenir de nos enfants. Par conséquent, nier toute dette, c'est vivre dans l'instant. C’est la jouissance à la DSK comme seul moteur, « la fin de l’histoire » des libéraux, et l’ardoise qu’ils nous laissent.
  • Le plus curieux peut être est que certaines dettes sont infinies. La culpabilité qui en résulte est écrasante. Or, comble de l’irrationalité, il peut y avoir « grâce », abrogation. Mais est-ce un don gratuit ? Car elle suscite, chez l’âme bien  née, un élan de reconnaissance éternel. Contre don ? (Serait-cela la charité chrétienne ?)
En résumé, tout ceci semble dire que nous sommes une société de pauvres types, de comptables méprisables, au cœur sec. Nous avons fait du don et de la dette une question de calcul, alors que c’est une affaire d’amour et de désir irrationnel. Mais d’une irrationalité qui se révèle, a posteriori, infiniment plus rationnelle que le calcul. Ce faisant, nous avons construit un monde à notre image, désertique. Et sans lendemain.  

mercredi 2 janvier 2013

Problème de l'entreprise : perte de compétence ?

Une histoire racontée par un dirigeant, il y a quelques temps. Du fait de la crise, une unité subit une baisse de charge. Elle emploie beaucoup de techniciens et ingénieurs externes. On décide d’en réduire le nombre, pour protéger l’emploi interne. C’est alors que l’on découvre que, sans eux, l’unité ne sait plus rien faire. Ils possèdent le métier de la division. En fait, la seule décision de bon sens serait de les embaucher.

Un ami donne deux autres exemples curieux : « lastminute.com, ex leader du voyage en ligne, qui sitôt racheté par un fonds a externalisé le développement web. Voyage-prive.com débarque, lastminute n'arrive pas à s'adapter rapidement, et redevient anonyme.
(Pris à Andy Grove) plus personne ne fabrique des piles dans les pays développés. Trop polluante, à faible valeur ajoutée : tout a été délocalisé et sous-traité. Résultat : la voiture électrique débarque, et la batterie est un élément important de la chaine de la valeur. Et on ne sait pas en fabriquer. »

Ceci est inquiétant pour deux raisons.
  • Nos grandes entreprises ne sont pas compétitives. Et elles ne le sont pas parce qu’elles n’ont pas fait ce que l'on attend d'une entreprise : développer ses compétences. Dans le langage laid de l’économie, elles ont été préoccupées de coûts mais pas de valeur. Plus simplement, elles ont été paresseuses.
  • Ce manque de compétitivité signifie que la crise ne fait peut être que commencer pour nous. Car elles pourraient s’effondrer. Pour se sauver, elles vont faire porter l’effort sur ce qui est le moins protégé. Or, c’est là que demeurait un peu de savoir-faire.   
Solution ? L’entreprise doit refaire ses devoirs. Elle doit oublier la prestidigitation financière et se remettre à travailler. Pour cela, elle doit tirer le maximum de compétences qui sont proches de la disparition (sous-traitants, retraités…). Tout ceci sans moyens, et au milieu d’une crise...
Saint Christophe

mardi 1 janvier 2013

Redécouvrons la parrhésie ?

Je tiens beaucoup à une certaine liberté de ton, à ce franc-parler dont mes longues années d’enseignement m’ont démontré l’utilité pédagogique. Peut-être retiendrais-je tel ou tel de mes pairs sur les pentes de l’agacement, grandement dommageable à la santé, si je rappelle que les Grecs appelaient cela parrhésia. (Lucien Jerphagnon, Histoire de la pensée, tome 1, Tallandier)
Je me retrouve dans cette phrase. Notre société libérale a été, paradoxalement, victime de la main invisible de la pensée unique. Or, si l’on ne peut plus parler, toutes les turpitudes sont possibles… 

Pourquoi fais-je des photos ?

L'année dernière, je me suis mis à prendre des photos avec mon téléphone. Quel intérêt ?
Prendre des photos freine mes promenades. Et en rentrant chez moi, je les transvase dans mon PC. Petite, mais importante, gratification : j’ai appris récemment, d’ailleurs, qu’il était bon pour la santé d’avoir de tels plaisirs.

Cela m’a surtout amené à me demander pourquoi je prenais les photos que je prends. Comment je les choisissais. Réponse du moment : je suis très sensible à la lumière (bien plus que mon appareil), et aux lignes géométriques des bâtiments. De même que j’écris ce blog pour savoir pourquoi je l’écris, je prends des photos pour savoir pourquoi j’en prends. La raison ne décide pas, elle explique.

Je soupçonne d’ailleurs que ce qui fait l’intérêt d’une photo, ou d’une œuvre d’art, est une forme de paradoxe : quelque chose qui surprend la rationalité. Et à laquelle la rationalité ne trouve pas de solution.